Mis à jour le lundi 24 novembre 2003
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"Gouverner par le bien commun" |
Gouverner par le bien commun |
Un précis d'incorrection politique à l'usage des jeunes générations
de
avec une préface de
Paul-Marie Coûteaux
Editions François-Xavier de Guibert (octobre 2001)
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![]() Etudes, Revue des Pères jésuites |
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" Quand je considère cette nation en elle-même, je la trouve plus extraordinaire quaucun des événements de son histoire. En a-t-il jamais paru sur la terre une seule qui fut si remplie de contrastes et si extrême dans chacun de ses actes, plus conduite par des sensations, moins par des principes; faisant toujours plus mal ou mieux quon ne sy attendait, tantôt au-dessous du niveau commun de lhumanité, tantôt fort au-dessus; un peuple tellement inaltérable dans ses principaux instincts quon le reconnaît encore dans des portraits qui ont été faits de lui il y a deux ou trois mille ans, et en même temps tellement mobile dans ses pensées journalières et dans ses goûts quil finit par se devenir un spectacle inattendu à lui-même, et demeure souvent aussi surpris que les étrangers à la vue de ce quil vient de faire; le plus casanier et le plus routinier de tous quand on labandonne à lui-même, et lorsquune fois quon la arraché malgré lui à son logis et à ses habitudes, prêt à pousser jusquau bout du monde et à tout oser; indocile par tempérament, et saccommodant toutefois de lempire arbitraire et même violent dun prince que du gouvernement régulier et libre des principaux citoyens; aujourdhui lennemi déclaré de toute obéissance, demain mettant à servir une sorte de passion que les nations les mieux douées pour la servitude ne peuvent atteindre; conduit par un fil tant que personne ne résiste, ingouvernable dès que lexemple de la résistance est donné quelque part; trompant toujours ainsi ses maîtres, qui le craignent ou trop ou trop peu; jamais si libre quil faille désespérer de lasservir, ni si asservi quil ne puisse encore briser le joug; apte à tout mais nexcellent que dans la guerre; adorateur du hasard, de la force, du succès, de léclat et du bruit, plus que de la vrai gloire; plus capable dhéroïsme que de vertu, de génie que de bon sens, propre à concevoir dimmenses desseins plutôt quà parachever de grandes entreprises; la plus brillante et la plus dangereuse des nations de lEurope, et la mieux faite pour y devenir tour à tour un objet dadmiration, de haine, de pitié, de terreur, mais jamais dindifférence? "