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Gouverner par le bien commun

Un précis d'incorrection politique à l'usage des jeunes générations

Editions François Xavier de Guibert, Octobre 2001


Emmanuel Kant " Réponse à la question: Qu’est-ce que les " lumières " ?


Table des matières

Préface de Paul-Marie Coûteaux

INTRODUCTION: Les idées gouvernent le monde et les bonnes idées donnent de bons fruits

Chapitre 1. LA SOCIÉTÉ A IRRESPONSABILITÉ ILLIMITÉE

Chapitre 2. NORMES, JE VOUS HAIS !

Chapitre 3. Une mauvaise idée qui donne un mauvais fruit: la Babel européenne contre le bien commun

Chapitre 4. Penser par le bien commun

Chapitre 5. Gouverner par le bien commun

Chapitre 6. Ce que tout élève sait

Chapitre 7. RÉVOLTEZ-VOUS!

DIX PROPOSITIONS POUR GOUVERNER PAR LE BIEN COMMUN

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INTRODUCTION:

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Les idées gouvernent le monde et les bonnes idées donnent de bons fruits

Soyez soumis, jeunes gens, acceptez les changements du monde ! Ils vont vous demander des sacrifices mais vous préparent tant de lendemains qui chantent!

Il n'y a pas le choix, il faut vivre avec son temps, se soumettre aux impératifs du marché, de la “ nouvelle économie ”, de l'ouverture des frontières, de l'évolution des mœurs et de la malbouffe.

Il faut oublier votre vieille France moisie, accepter une remise en cause permanente d'où la sécurité aura disparu et où seuls les meilleurs sauront s'en tirer: A vous d'en faire partie !

Écoutez vos maîtres ! ils vous distillent le prêt à penser nécessaire pour intégrer ces “ impératifs ”, Car si le communisme est mort, le culte du “ sens de l'histoire ” et de la négation de la liberté humaine qui le sous-tend se porte bien : le libéralisme1 s'y est glissé comme dans des pantoufles !

La vision hégélienne nous annonçait la fin de l'histoire avec le règne de l'État universel, prélude au règne du Sage, homme accédant à la pleine conscience de soi, et se consacrant à la gestion de la Cité. Nouveau rêve platonicien de direction de la cité par les philosophes, qui se résume aujourd'hui aux palinodies médiatiques de gens de plumes qui assimilent leur propre fortune à celle de l'humanité et ont créé l'instrument de leur domination et de notre soumission: la “ pensée unique ”.

Il faut dire quelle nous apporte une réponse facile à un exercice nouveau :après un XX° siècle fondé sur la bipolarité, il nous faut concevoir un monde dont le mécanisme de régulation ne soit plus fondé sur une décharge d'agressivité vers l'extérieur. Nos pays se sont construits dans un savant équilibre fondé “ contre l'autre ”. Or, nous sommes aujourd'hui seuls, c'est-à-dire tous ensemble, dans une communauté mondiale informelle mais sculptée par l'histoire- dont le problème est de chercher la source de ses dysfonctionnements en elle-même, et non de créer une collusion éphémère en se mobilisant contre un tiers.

Se contenter de se définir “ contre l'autre ” c'est seulement dire ce que l'on ne veut pas être. Cela ne dit pas ce que l'on veut être. Cela n'est pas porteur d'une volonté de vivre ensemble. Cela expose ce qui divise, jamais ce qui unit. C'est une pensée immature, derrière les atours séduisants d'une phraséologie radicale. Quand “ l'autre ” disparaît, c'est toute la raison d'être de ces systèmes binaires qui disparaît aussi. Au point que les pseudos contraires, ayant perdu toute aptitude à envisager de vastes perspectives, perdent toute pensée critique. Ils communient aujourd'hui dans un rationalisme de mauvais aloi qui, faute de penser, ne sait que se soumettre à ses propres oukases.

Ce qui est en cause aujourd'hui, c'est notre capacité à concevoir l'universel, à penser la conjugaison de l'un et du tout.

Il n'y a plus de lien aujourd'hui entre la politique et les idées. Michel Rocard, qui fut un temps le chantre d'une politique inspirée, théorise aujourd'hui son échec : “ “ La politique, ce sont les idées ”, a dit un jour Albert Thibaudet. A mon sens, rien n'est plus faux. La politique commence là où s'arrête la simple élaboration des idées et où intervient la volonté de les mettre en œuvre ”2. La politique coupée des idées que reste-t-il ? L'art de la démagogie des propositions radicales et du compromis. “ Dans le cercle étroit des adhérents, militants, compagnons ou camarades, l'examen critique des propositions les plus aventurées est mal venu, discourtois, parce que démobilisateur. Cessa ainsi que naît le fanatisme et que se développent bien des propositions déraisonnables ”. Propositions déraisonnables qui, confrontées au principe de réalité, devront se noyer dans l'art du compromis, accentuant le désenchantement pour la vie publique. Michel Rocard, qui garde de l'inspiration pour les titres, nomme son article “ Servitudes et grandeurs politiques ”. Son propos laisse un goût amer: fort peu de grandeur et beaucoup de servitudes! Et de la servitude à la servilité, le pas est vite franchi: la politique ne pense plus, ne délibère plus sur les grands enjeux de l'homme et de la cité. Il reste le jeu-spectacle droite-gauche, qui tente de masquer sous des oppositions factices une communion dans la “ pensée unique ”, celle de la soumission aux “ impératifs ” qui s'imposent comme des évidences. Plus question d'idées, plus question de projet: il faut se contenter de comprendre “ que l'on ne peut pas faire autrement ”, qu'il faut être “ moderne ” et surtout, par dessus tout, ne pas être ringard!3 La peur d'être “ ringard ” est devenue un nouvel ordre moral, un conformisme des nouveaux bien-pensants qui ont renoncé à vénérer d'autre dieu que celui du marché, à avoir d'autre loi que celle de la jungle, à avoir des idées, à avoir un projet.

Cet abandon, c'est celui de ce qui fonde la finalité et la vie de la cité: la poursuite du bien commun.

Le bien commun, au cœur de la pensée critique

Penser le bien commun, c'est se regarder soi-même et définir les règles de sa propre cohérence dans un monde où les repères matériels disparaissent, où les structures sociales sont mises à mal, où les technologies créent plus d'informations que nous ne pouvons en digérer.

Tel est l'exercice auquel nous sommes conviés.

Il est apparemment difficile. Le premier signe en est notre cécité devant le phénomène : nous continuons à parler de “ crise économique ”, à attendre la “ reprise ” comme on attend Godot. Tout s'annonce comme un facteur débloquant “ il ne se passera rien avant les élections...il faut attendre la baisse des taux...la mise en place de l'euro...la reprise américaine... la fin de la crise asiatique, la remontée du Yen, la baisse du Yen,… les 35 heures…, le round du millénaire… ”, il y a toujours une nouvelle échéance providentielle qui justifie l'attentisme sur lequel vont gloser quelques experts à l'aide d'explications définitives ou sentencieuses.

Le seul message constant est: la solution est en dehors de nous et nous ny pouvons rien.

Il n'y a pas de crise économique structurelle. Il y a des crises cycliques dues à notre incapacité à piloter les systèmes que nous avons conçus et qui se mettent à tourner fou. Nous n'avons jamais disposé d'autant de biens matériels et de technologie par tête d'habitant. Et la matière n'est plus au cœur de l'économie : c'est l'information. La part de matière dans un ordinateur est dérisoire au regard de sa part de matière grise. Mais cet essentiel est invisible.

Dans nos sociétés, nous n'avons pas à gérer la pénurie mais l'abondance: c'est elle qui tue l'agriculture, la pêche, et détruit l'emploi industriel. Elle les tue parce que, attachés à une vison malthusienne, nous ne savons pas la gérer, nous réussissons l'exploit de recréer la misère au milieu d'une richesse qui a triplé depuis l'appel de l'Abbé Pierre le 1° février 1954.... comme le nombre de mal logés. Chaque année la publication de l'excellent “ Rapport mondial sur le développement humain ” nous apprend que plus la richesse du monde augmente, plus il y a de pauvres, plus les inégalités croissent et ce, non plus seulement entre pays riches et pauvres, mais au sein des pays développés eux-mêmes.

Jamais nous n'avons été capables de créer autant de richesses, mais le développement technologique nous renvoie à la maîtrise de notre destin et aux plus vieux problèmes de la philosophie : qu'est-ce qui rend une vie digne d'être vécue, qu'est-ce que vivre en société, qu'est-ce qui nous protège de la tentation de la barbarie alors que tous nos mécanismes régulateurs disparaissent, qu'est-ce qu'une bonne société? Les questions que nous posent la technologie sont des questions de philosophie politique et non des problèmes techniques.

En remplaçant le déterminisme d'une explication définitive du monde par celui du marché supposé être parfaitement rationnel, la théorie libérale est aussi impuissante à répondre à ces questions que les régimes totalitaires qui l'ont précédée. Les anciens totalitarismes enfermaient les individus dans une collectivité tyrannique. “ L'humanisme libéral ” adopte la posture exactement inverse : l'indépendance absolue de l'individu face à toute norme sociale4. Or, aucun groupe humain ne peut se maintenir, surtout s'il vit en société ouverte en échange permanent avec l''extérieur, s'il n'a comme seule ambition que la maximisation des intérêts individuels. Le libéralisme présente les mêmes attributs de l'idéologie que les idéologies précédentes : ignorer le vivant au profit dun dogme qui n'a aucune existence réelle.

Le choix qui s'offre à nous est soit céder aux charmes de la régression et de l'hystérie collective dans un retour éperdu vers le mythe dun passé régulé par une vision lumineuse de l'affrontement des bons et des méchants, d'inventer de nouvelles baudruches et autres miroirs aux alouettes qui vont nous apporter la solution miracle, soit nous donner l'outillage intellectuel pour penser nos nouvelles conditions d'existence en société.

Mission difficile, car la route est semée d'embûches, souligne Immanuel Wallerstein5:

Tandis que les “ ingénieux défenseurs de la hiérarchie et du privilège ” détruisent l'existant pour les conforter au nom de la “ modernité ”, nous avons à construire une pensée qui aura pour mission de renouer les liens rompus par le désenchantement du monde entre une technologie dont la vitesse de mutation devient incontrôlée, une économie dont la croissance ne génère plus de bien-être, et le social, les hommes, leurs pratiques et leurs cultures, qui évoluent par nature lentement, de percées en stabilisations et régressions, mais qui seuls peuvent donner les finalités qui assureront la cohésion de l'ensemble du système.

Il sagit de penser un monde désormais uni pour le meilleur et pour le pire. Grande est aujourdhui notre impuissance. La cause première en est “ de la débilité de la pensée politique qui, après le collapse du marxisme, est incapable de pratiquer une pensée complexe et denvisager un grand dessein.. Il y a impuissance à sortir de la crise du progrès par un autre progrès, à sortir de la crise de la modernité par autre chose qu'un pauvre post modernisme. 6

En un mot, il sagit de penser la conjugaison de l'un et du multiple, de l'unité et de la diversité, du “ je ” et du “ nous ”.

Ce travail procède plus de la dynamique créatrice de limagineur que de la logique déductive de lingénieur.

Les élèves, les jeunes, les étudiants, les responsables de tous ordres ne reçoivent nul enseignement les préparant à une telle mission. L'école a cessé dêtre un lieu de formation pour devenir un “ lieu de vie ”, où, au nom de la “ démocratie lycéenne ” on organise des débats sur des futilités alors que toute délibération sur l'essentiel disparaît faute dapprentissage et de maîtrise des fondamentaux. Les humanités et la culture générale ont été abandonnées au nom d'un enseignement “ fonctionnel ” destiné à former des consommateurs amorphes. Depuis longtemps l'enseignement de la philosophie politique a été abandonné pour un discours généraliste et journalistique sur l'histoire de la philosophie politique. Les sciences de la complexité ne sont pas enseignées dans les universités et écoles dingénieurs, au mieux les aborde-t-on par la bande dans quelque cycle de formation continue, pour s'empresser de ne pas mettre leurs enseignements en pratique une fois revenu dans le quotidien. Le privilège reste donné aux matières abstraites comme les mathématiques qui ne servent que de machine à sélectionner, tandis que la France est rejetée du peloton de tête de la recherche scientifique.

Rien ne prépare les responsables de demain à se considérer comme des êtres libres donc responsables, donc comptables de l'avenir qu'ils se préparent et préparent au monde.

La pauvreté de la pensée des élites est catastrophique. Ignorant radicalement les acquis des sciences fondamentales, les progrès de l'intelligence humaine pour résoudre les problèmes complexes, elle en reste à la recherche de “ solutions ” miracles qui échouent toutes pour une raison simple: il n'y a pas de solutions, il n'y a que des problèmes à résoudre, chaque résolution d'un problème n'annonçant que la venue d'un autre plus complexe. La recherche de “ solutions ” privilégie le règne de lexpert, la primauté de l'intelligence individuelle et justifie le pouvoir du technocrate. La résolution de problèmes est une démarche humble qui ne peut être que pluridisciplinaire, donc collective et suppose remise en cause permanente. Incapables de se réformer pour penser le monde, les élites ont choisi la voie qui leur restait: la soumission aux impératifs qu'elles se créent.

Deux modèles saffrontent donc. Celui des élites actuelles avec leur culture de singe savant, inadaptée à résoudre les problèmes mais adaptée à la conservation de leur domination par l'affirmation répétée de leur certitude d'avoir tout compris. Et un nouveau modèle à bâtir dans la lignée des fondateurs de l'épistémologie contemporaine qui ont ruiné les credos positivistes dominants pour donner une nouvelle actualité aux plus vieilles pratiques de la philosophie politique classique: questionner le monde pour rapporter chaque action au but poursuivi et les évaluer à laune dune interrogation sur le bien et le mal.

Il sagit de réhabiliter et d'actualiser la plus vieille activité de la philosophie politique : la pensée critique.

Notre avenir nous appartient!:

Ce qui nous arrivera demain ne sera pas le fruit des décisions des autres, de “ la crise ”, de “ Bruxelles ”, du caractère conjoncturel de la conjoncture ou concurrentiel de la concurrence. Demain sera le fruit des décisions que nous prendrons et de celles que nous ne prendrons pas parce que nous aurons préféré la politique de l'autruche ou que nous nous en serons remis béatement au “ sens de l'histoire ” et soumis aux “ impératifs ” de toutes sortes dont les gourous de la mondialisation ou de la “ construction européenne ” nous rebattent les oreilles.

Deux tâches, dès lors, simposent:

Etre responsable, au sens anglais du terme7. Cela veut dire se déclarer comptables de la terre que nous laisserons à nos enfants. Cela suppose de prendre du pouvoir sur cette société où les richesses que nous créons ne fructifient pas pour le plus grand bien de tous, qui voit maintenant la guerre à deux heures de Paris, et pour accroître notre maîtrise de ce que nous initions dans un univers devenu totalement imprévisible.

Retrouver la pensée. Les fonctions intellectuelles sont historiquement accaparées en France par une caste de la rive gauche qui définit les modes et les tendances et culpabilise tout déviant, impose ses modes, supprime le débat pour imposer la “ pensée unique ”. Une “ pensée unique ” en termes de contenu une pensée zéro en termes de processus. Le verbe “penser” est étrangement devenu transitif indirect: on “ pense que ” et on ne pense plus le monde comme nous l'enseigna la philosophie politique classique.

Nous avons renoncé au projet du bien commun. L'Etat français na jamais couté aussi cher (48% du PIB), mais il ne sert plus à rien. Pendant les trente glorieuses, il en coûtait 35% et avait une vision stratégique à long terme. Il réussit aujourdhui l'exploit de combiner un coût exorbitant en bureaucratie tout en abandonnant sa mission de régulation. Fait unique au monde, nous combinons les inconvénients et de la lourdeur bureaucratique et du laisser-faire libéral.

Nous avons abandonné le monde de la connaissance pour retourner dans la caverne des opinions. “ La caverne, cest le monde des opinions opposé à celui de la connaissance ” écrivait magnifiquement Leo Strauss8. Notre responsabilité est de ne pas abandonner la pensée aux faiseurs d'opinions, qui ne nous laissent le choix que d'adhérer à une option ou à une autre, options qui se révèlent factices car ressortissant toutes du même esprit de soumission. Face à cela nous devons affirmer ce qui est et a été le moteur du progrès humain: la recherche du bien commun, la construction de la res publica que lon nous proclame aujourdhui comme “ ringarde ”.

Ayons des idées, retrouvons la pensée

Blaise Pascal9

La production, hégémonique aujourdhui, de l'intelligentsia au pouvoir tend à nous dire “ ce qu'il faut penser ”, et à définir les modes comme les “ notes de tendances ” des agences de style et ce qui doit se dire dans les dîners en ville pour avoir lair culte.

Cette “ pensée ” ne pense pas, elle “ pense que ”. Elle émet des opinions auxquelles elle ne supporte aucune contradiction. Elle veut poser un certain nombre de présupposés comme évidents et intangibles, pour rendre hérétique toute velléité de non-conformisme, avec sa conséquence logique : le lynchage médiatique, qui se traduit par l'expulsion des déviants des circuits légitimes de la parole et de la culture légitimes. Cest un totalitarisme soft qui sinstalle : le “ bien commun ” ? Horreur, mais cest la “ Volksgemeinschaft ” hitlérienne10 ! ! Toute idée est aujourdhui caricaturée par des vocations ratées de commissaires politiques de la pensée qui la travestissent pour la rendre ridicule et la combattre.

Bien penser ”, au sens que nous en donne Pascal, n'est pas instaurer un autre totalitarisme, révéler une autre vérité. “ Bien penser ”, cest restaurer la plus vieille activité et la plus essentielle ressource de la démocratie et de l'émancipation de l'homme : la pensée critique.

Bien penser ” est différent de “ avoir des opinions ”. Le projet du “ bien penser ” est celui de la philosophie politique qui est “ l'effort conscient, cohérent et acharné pour remplacer les opinions sur les principes de la politique par une connaissance. (…) Il est essentiel pour la philosophie politique d'être mise en mouvement, et d'être maintenue en mouvement, par la conscience troublante de la différence entre la conviction, ou la croyance, et la connaissance. 11 Bien penser ? tout le contraire de ce que veulent nous imposer les “ bien-pensants ” d'hier et d'aujourdhui.

La question du bien commun, de la bonne société, traite du rapport entre la cité et lhomme, qui est le thème fondamental de la philosophie politique. Elle ne peut pas être abandonnée à la décision d'un quelconque acteur extérieur, que ce soit le marché, le “ sens de l'histoire ” ou encore les sciences. Relativisme, historicisme, déterminisme sont les trois compagnons inséparables qui prétendent retirer à l'homme le choix de son organisation sociale en vue du bien commun.

Cette réflexion est indissociable de la conception que nous avons de lhomme. Le parti que nous prenons ici est de dire que nous sommes libres et que nous sommes responsables du monde que nous construisons, que l'avenir sera le produit de nos idées, que nos idées sont le produit de notre liberté d'imaginer et de notre aptitude à penser. C'est donc une réflexion fondée sur des valeurs. La posture philosophique, et surtout celle de la philosophie politique repose sur des valeurs. A la pensée contemporaine parcellisée au point quelle a rejeté le projet d'une pensée globale initié par Saint Augustin, il est nécessaire de suivre Leo Strauss dans retour vers la philosophie politique classique. Pour les anciens, la “ philosophie politique est globale: elle est à la fois une théorie politique et un savoir-faire politique; elle sintéresse aussi bien aux aspects juridiques et institutionnels de la vie politique qu'à ce qui dépasse le légal et linstitutionnel; elle échappe tout autant à l'étroitesse d'esprit du juriste, à la sécheresse du technicien, aux lubies du visionnaire, à la bassesse de l'opportunisme (…) Elle est dépourvue de tout fanatisme parce qu'elle sait qu'on ne peut éradiquer le mal et par conséquent que les espoirs que l'on met dans la politique doivent être modérés. ”12

Le XX° siècle aura vu vivre 99% des savants qu'a connu l'humanité. Les progrès de l'épistémologie nous permettent de nourrir cette pensée globale des systèmes humains, de comprendre comment se relient les divers domaines de l'activité humaine. A cette capacité sest opposé un enseignement et une tendance générale à parcelliser la pensée, à détacher la science et la philosophie au moment même où les sciences fondamentales permettent d'envisager leur liaison.

En somme, plus notre découverte du monde accroît le champ du possible, plus nous le réduisons par une pensée atrophiée.

Sans idées, il ny a rien !

Notre intelligentsia a renoncé aux idées, a renoncé à transformer le monde, elle prétend se contenter de l'expliquer, c'est-à-dire d'expliquer des tendances qui dérouleraient leur volonté face à l'absence de la nôtre.

Cette atrophie des idées prend deux formes :

La première est la perte de la responsabilité qui est la perte de la liberté (Chapitre 1). Répondant aux historicistes qui acceptaient le verdict de 193313 comme étant légitime parce que rationnel Strauss, toujours lui, écrivait “ le plus grand événement de l'année 1933 semblerait plutôt avoir prouvé, si une telle preuve était nécessaire, que l'homme ne peut pas abandonner la question de la bonne société, et qu'il ne peut pas abandonner la question de la bonne société en faisant appel à l'Histoire ou à tout autre pouvoir que celui de sa propre raison14.

Que ce soit le “ sens de lHistoire”, l'affirmation de la “ responsabilité collective ” ou de la mise en avant des “ excuses ” que chacun a de faire ci ou çà, le sens de la responsabilité individuelle a progressivement disparu. Le mouvement s'est fait en deux temps : la fin de la croissance des “ trente glorieuses ” après 1968 a servi d'anesthésiant à la nécessité de penser de nouveaux cadres de gouverne de la société et à écraser, tandis que la redistribution des fruits de la croissance servait de lubrifiant. Réhabiliter l'individu par la promotion de sa conscience et l'affirmation de sa responsabilité est la première des tâches.

La deuxième est le nihilisme distillé par lintelligentsia . “ Vouloir quelque chose ” a été remplacé par “ vouloir le rien ”. La démonstration que tout était manipulé, que rien n'existait à l'état dune pureté romantique originelle, la découverte de l'imperfection de l'homme, la mise en cause nécessaire des normes passées pour faire face à une évolution normale de la société mais qui va s'accélérant au rythme des technologies, a rendu tous les “ quelque chose ” suspects. Aussi le mot dordre devint-il “ Mettre rien là où il y a quelque chose(Chapitre 2.). Toute norme structurante de la vie sociale et personnelle est dénoncée depuis 1968 comme un obstacle à “ jouir sans entraves”. Le “ je ” du catéchisme libertaire l'a emporté sur le “ nous ” de l'homme social, voué aux gémonies.

L'enjeu de cette rhétorique apparaît clairement trente ans après: laisser lindividu désarmé face à la loi de la jungle que veut imposer le libéralisme. Cest une rhétorique puissante qui sait à merveille utiliser tous les atours de la communication. La réduction des droits et de la liberté de lindividu s'est opérée et s'opère sur un fond de discours inflationniste sur les “ droits ”. Plus l'individu réel est accablé, plus on promeut de nouveaux individus virtuels couverts de “ droits ”. On n'a jamais tant porté les “ jeunes ” aux nues que depuis qu'ils sont victimes des politiques malthusiennes qui les réduisent au chômage.

Cette fin de siècle est celle du nihilisme triomphant. Certes, un nihilisme soft qui prend les atours de “ l'écologie15 ” et du pacifisme. Il n'en est que plus pervers et plus dangereux : Nous sommes aujourd'hui comme la grenouille plongée dans l'eau tiède16. Nous entrons, dans l'ivresse des discours ronflants sur les lendemains qui chantent du libéralisme, dans une période de régression économique avec l'extension de la pauvreté partout dans le monde. Régression sociale par la disparition de tout régulateur, de la protection sociale et la faillite annoncée par le déclin démographique. Régression politique, par le transfert de la réalité du pouvoir vers des “ autorités indépendantes ” qui ne le sont que du suffrage universel. Régression humaine, enfin, par la victoire de l'individualisme sur l'individu, qu'il laisse, au nom du “ jouir sans entraves ”, sans défense face à langoisse croissante de la solitude et des insécurités. Pour la première fois dans notre histoire de pays développé, la génération à venir aura un niveau de vie inférieur à celui de la génération actuelle.

Le bien commun des bonnes idées

1. Ayons donc des idées, mais quest-ce qu'une bonne idée ?

Commençons par regarder ce qu'est une mauvaise idée (Chapitre 3). Les eurobéatitudes sont devenues le nouveau sermon que les médias nous assènent à longueur de journées, de journaux et de chaînes. Penchons-nous sur les principes fondateurs de l“ Union européenne ”, en se posant deux questions: “ est-ce un système consistant? ”, c'est-à-dire un système capable de garder son identité et de se reproduire? Et “sur quelle conception du bien commun repose-t-il ? ”. Nec plus ultra de la modernité, les principes fondateurs de l'Union européenne apparaissent comme un piètre reproduction du déterminisme positiviste de technocrates qui refont le monde dans des cénacles fermés. Système beaucoup plus compliqué que complexe, “ l'Union européenne ” est incompatible avec la démocratie où les seuls à être entendus sont les lobbys. Qu'à cela ne tienne, si les européistes doivent bien reconnaître le “ déficit démocratique ” de leur progéniture c'est pour nous dire aussitôt, qu'il faut faire “ plus dEurope ” comme les communistes nous disaient qu'il fallait faire “ plus de communisme ” pour pallier les pannes évidentes du système!

Ce bien commun incontournable quel est-il ? (Chapitre 4) un système de valeur donné une fois pour toutes ? une méthode de résolution de problème ? un prétexte au repli sur le passé ? quel lien avec “ l'intérêt général ” ? La question est ouverte et ne peut que le rester. L'essentiel du débat est autour de la possibilité même du bien commun que rejettent les nihilistes et les liberalo-libertaires. Affirmer la possibilité du bien commun, c'est affirmer la capacité de l'homme à délibérer sur son avenir et à améliorer le monde.

Comment penser le bien commun? Le premier deuil que nous devons faire est celui des “ solutions ”: il n'y a pas de “ solutions ”, il n'y a que des problèmes. Une société humaine nest pas un système déterministe où l'on peut faire un lien direct et précis entre un effet et une cause. Les sociétés humaines sont des systèmes dynamiques complexes, donc en déséquilibre permanent, et il faut, comme dans le pilotage d'un voilier, faire en permanence des ajustements. Il n'y a pas de ligne droite et il peut toujours y avoir des icebergs. Pour avoir donné à la science et à la technique un pouvoir absolu sur le monde, les concepteurs du “ Titanic ” l'ont appris aux dépens de leurs passagers. Mais s'il n'y a pas de ligne droite il y a toujours un cap. Ce que nous devons apprendre aujourd'hui cest à résoudre des problèmes, en sachant bien que la résolution d'un problème n'a pour résultat que la création d'un problème plus complexe, et comme l'écrivit Karl Popper, “ toute vie est résolution de problèmes ”.

Le culte central des rites païens instaurés par le madelino-cohn-bendisme est celui du dieu productivité. Tout ne doit être aujourd'hui que performance, dans le sexe (de peur de paraître “ inhibé ”) comme dans l'industrie (au nom de la rupture avec “ l'archaïsme ” français). Ce dieu est censé assurer notre richesse, même si c'est un dieu sévère qui exige des sacrifices humains. Nous lui en avons fait beaucoup et nous attendons toujours qu'il nous apporte la richesse: qu'à cela ne tienne, c'est que nous ne lui avons pas fait encore assez de sacrifices! Vous avez encore vos droits sociaux? Vos régimes de retraite par répartition? Vos protections contre les licenciements abusifs? Votre Etat-Nation? Vos protections douanières (si, si regardez bien au fond de vos poches)? Et là, qu'est-ce que je vois: un reste d'enseignement public gratuit et obligatoire? Mais c'est donc ça qui sent le moisi! Les divinités du “ sens de l'histoire ” sont exigeantes. Sacrifiez, sacrifiez lui encore et il vous le rendra. Marx nous avait promis que les lendemains chanteraient. Hitler leur apprit à chanter en chœur et à marcher au pas cadencé. Il y a eu des fausses notes, mais cette fois, cest juré: avec le dieu “ libéralisme ” on tient le bon bout. Mais l'impératif du sacrifice dun aujourd'hui bien réel au profit dun lendemain tout hypothétique na pas changé.

Cette approche de la productivité est perverse et nuit en premier lieu à la productivité elle-même en sciant la branche sur laquelle elle est assise! (Chapitre 5) . Elle est réductrice parce qu'elle ne voit que la réduction des coûts et peu la création de valeur autre que financière, qui, seule, peut lui donner un sens. Loin dêtre un coût, la prise en compte du bien commun améliore la créativité, la productivité et la compétitivité des firmes. Cela demande, certes, une condition: ne pas se contenter de voir et de mesurer ses profits à court terme et de regarder au-delà de son pré carré. Une attitude et une discipline, elles aussi, bien peu enseignées dans les écoles de management.

Belle machine quand il sagit d'assurer le développement économique, le capitalisme déraille quand il sagit de réguler l'équilibre de la vie économique et sociale et d'assurer l'équilibre du monde. Ce qui bloque là encore toute réflexion, c'est la pensée binaire, les assimilations hâtives entre libéralisation des échanges de biens et ceux des capitaux, innovation et disparition des frontières, toutes assimilations non fondées que la pratique et la théorie démentent. Comment ne pas jeter le bébé (le progrès technique, la mondialisation vue comme une ouverture culturelle…) avec l'eau du bain (le libéralisme intégral comme condition sine qua non de cette ouverture) et réguler un monde ouvert et complexe? Cette une nouvelle pratique de gouverne des affaires publiques qu'il sagit dinventer.

2. Pour que les bonnes idées donnent de bons fruits

Lissue ne sera pas dans un retour en arrière: elle sera dans linvention du futur par la reconquête de notre liberté, la réinvention de notre bien commun.

Si lon veut éviter qu'un totalitarisme succède à un autre, nous devons tirer les leçons de nos expériences et apprendre à entreprendre à partir de la restauration et de l'actualisation de nos valeurs. Un des paradoxes les plus criants de notre époque est que nous disposons comme jamais des outils de pensée nécessaires - et par nature encore insuffisants- pour comprendre le monde et sa dynamique. Or plus nos idées et nos théories progressent, plus nos pratiques régressent! Plus nous avons à notre disposition un savoir permettant de relier les disciplines, de dépasser les faux antagonismes entre le social et l'économique, plus notre enseignement parcellise le savoir et mutile la pensée. Quel est donc le bagage culturel que tout responsable devrait dominer? (Chapitre 6). Des plus vieux problèmes de la science et de la philosophie (quel est le rapport entre l'objectivité et la subjectivité? Que peut nous apporter la science? Parlons-nous vraiment de ce dont nous parlons?) aux plus récents (Quest-ce que la communication? Quest-ce qu'un système vivant? Comment fonctionne-t-il? Quest-ce que le changement? Comment changer?), on constate que l'on peut se procurer pour quelque centaines de francs quelques bons livres de poche rappelant tous ces excellents principes. Le seul problème est que nos élites ne les lisent pas.

De cette expérience du pessimisme liée au nihilisme ambiant il faut faire une source de refondation qui passe par une nécessaire révolte (Chapitre 7). La contestation dun ordre injuste ou devenu inapproprié pour la construction d'un ordre plus juste est le battement du cœur d'une société vivante. Cest une éthique de la révolte qu'il s'agit de bâtir. Une éthique qui serve la poursuite du bien commun, qui serve la forme à la fois la plus imparfaite et la plus achevée que l'homme lui ait trouvée: la République. Sur ces nouvelles jachères il ne nous faudra pas chercher à bâtir un vaste “ projet de changement ” comme nous le fîmes au XX° siècle. Faire du progrès technologique une ressource pour le bien commun et non son cimetière va nous demander d'apprendre à bâtir des systèmes stables parce que souples et évolutifs. Abandonnant les “ projets de changement ” qui accouchèrent soit de souris soit de monstres, nous devrons apprendre à changer par les projets, par une itération entre un projet global et le foisonnement des initiatives.

Au soir de l'élection de Georges Pompidou, De Gaulle, dans sa retraite irlandaise, commentait, tout en envoyant un télégramme de félicitations à l'heureux élu, “ Le glissement de la France vers la médiocrité va se poursuivre17. Le vieux général était toujours visionnaire. Ce furent les “ trente piteuses ”18 dans lesquelles nous sommes toujours empêtrés et dont il faut maintenant sortir.

Nous sommes engagés à prendre le pouvoir sur le cours de notre vie. Cest une démarche individuelle mais pas individualiste, elle passe par la définition de notre raison dêtre ensemble : le bien commun.

Cela ne va pas être de tout repos.

Pour Immanuel Wallerstein

L'histoire nous montre que les annonceurs de fatalité ont toujours eu tort dès lors que le peuple se levait pour les faire mentir.

La seule fatalité ne peut résider que dans notre ignorance et notre résignation.

Dans son beau livre “ L'esprit de Résistance ”, Serge Ravanel nous rappelle que ce nest pas la première fois que notre nation est menacée dans son existence même, et que dans les moments critiques nous sommes capables de reprendre le dessus contre les professeurs de fatalité:

Si!


Notes

1 Par "libéralisme" nous entendrons tout au long de cet ouvrage l'idéologie politique selon laquelle les lois du marchés permettent de réguler de manière optimum la société et par conséquent où le politique est assujetti à l'économique. On donne ici au mot "idéologie" tout son sens, à savoir un corpus de présupposés qui s'autojustifient et excluent les faits lorsqu'ils infirment ces présupposés. Le libéralisme ne se confond donc pas avec l'économie de marché qui est l'émanation et l'expression de la “sphère du quotidien” des hommes, selon l'expression de Fernand Braudel de pas plus qu'avec le capitalisme qui est une dynamique de développement économique ayant sa logique propre. Ces notions seront vues en détail au chapitre 6.. Il ne se confond pas plus avec le “régime libéral” en politique, qui ne postule pas son assujettissement à l'économique.

2 Michel Rocard, “ Servitudes et grandeurs politiques ”, Études, décembre 1999

3 Un des cas les plus caricaturaux est sans doute celui d'Alain Minc, major de l'ENA qui, faute de parvenir à diriger une entreprise, décida de devenir gourou. Après avoir prédit en 1986 (trois ans avant la chute du mur) que toute l'Europe allait suivre la voie de la Finlande, soit l'annexion soft à l'Union soviétique, il nous invite aujourd'hui à nous soumettre: "Nous n'avons pas le choix: la réalité internationale nous surplombe avec une force chaque jour plus grande, et sauf à rêver de la commander, comme le Petit Prince de Saint Exupéry les étoiles, nous devons la faire nôtre" (La France de l'an 2000, Odile Jacob, 1994)

4 “L'humanisme, tel qu'il apparaît avec la naissance de la modernité, c'est la conviction selon laquelle l'humanité se définit en termes d'autonomie, l'affirmation que la loi ou la norme doit être conçue non plus comme reçue dune transcendance extérieure à la personne humaine…mais comme auto-instituée (…) En revanche, l'individualisme qu'il faut situer avec précision par rapport à l'humanisme si on veut comprendre la dérive individualiste et poser le problème de sa logique, n'a plus pour valeur l'autonomie: il a pour valeur l'indépendance. A l'époque de l'indépendance, ce qui fait la valeur dun acte, ce n'est plus que le fait que la norme qui l'inspire est autofondée…, mais c'est l'indépendance par rapport à toute normativité, laquelle est conçue comme répressive par essence” (A. Renaut in “Y-a-t-il une pensée 68?”, Le Débat, 1986). Pour une définition précise des notions d'autonomie et d'indépendance, voir le chapitre

5 Immanuel Wallerstein, "L'après-libéralisme", essai sur un système-monde à réinventer", L'aube 1999, p. 92, lire notamment "La fin de quelle modernité?"

6 Edgar MORIN "Terre Patrie", Seuil 1993, p. 107

7 En français, la langue vernaculaire assimile le terme responsable à coupable. L'anglais lui affecte deux sens "to be accountable for..." être comptable de ses actions - donc une responsabilité a posteriori, et "to have control over..." avoir la maîtrise, donc une responsabilité a priori sur un processus dont il m'appartient de garder la maîtrise et qui produira des résultats dont je serai comptable.

8 Leo Strauss “ droit naturel et histoire", Champs Flammarion.

9 Pensées, frag. 200-347

10 Le nazisme reposait sur la négation de l'existence et du bonheur individuels et frondait la légitimité de l'individu sur son appartenance à la “communauté du peuple”. “L'ère du bonheur privé est terminée” déclarait Hitler après sa prise du pouvoir (Herman Rauschning, “Hitler ma dit”)

11 Strauss "Qu'est-ce que la philosophie politique?", PUF p. 18

12 Strauss, op. cit P. 33

13 Il s'agit bien sur ici de la prise de pouvoir de Hitler, le 30 janvier 1933, par voie légale.

14 Strauss, op. cit., p. 32

15 Rappelons - pour mémoire - que l'écologie est une science, encore émergente, et qui comme telle procède par expérimentation, essais et erreurs et est dominée par le principe d'incertitude. Elle n'a bien sur rien à voir avec la supposée "écologie politique"

16 Si l'on jette une grenouille dans l'eau chaude, elle saute immédiatement de la casserole. Si on la met dans une casserole d'eau froide que l'on chauffe à petit feu elle mourra par asphyxie lente.

17 Jean Lacouture, De Gaulle T.3, p.

18 Nicolas Baverez "Les trente piteuses", 1998

19 op. cit p. 17

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