16/11/08


Des sciences :
Les sciences face à l'offensive du relativisme:

    De l'escroquerie par l'utilisation frauduleuse des sciences par les intellos: Il faut lire et relire "Impostures intellectuelles" de Sokal et Bricmont.

Au printemps 1996 une revue américaine renommée, Social Text, publiait un article très mode d’Alan Sokal au titre alléchant " Transgresser les frontières: vers une herméneutique transformative de la gravitation quantique ", délibérément bourré, aux dires de son auteur, d’absurdités et d’illogismes flagrants et affichant un relativisme cognitif extrême, allant jusqu’à nier l’existence d’un monde objectif, extérieur à notre conscience. Le projet d’Alan Sokal était de voir si ce tissu d’absurdités serait publié. Il le fut. Et dans un numéro spécial consacré à une réponse aux inquiétudes des scientifiques aux dérives du post-modernisme. La conclusion aurait pu être signée Claude Allègre ou Jack Lang " .. tout ceci n’est qu’une première étape: le but fondamental de tout mouvement émancipatoire doit être de démystifier et de démocratiser la production de la connaissance scientifique … cette tâche doit commencer avec la jeune génération, à travers une profonde réforme du système éducatif. L’enseignement de la science et des mathématiques doit être purgé de ses caractéristiques autoritaires et élitistes et le contenu de ces sujets doit être enrichi par l’incorporation des aperçus dus aux critiques féministes, homosexuelles, multiculturelles et écologiques ".

" L’affaire Sokal - Bricmont " commençait avec la publication postérieure de leur ouvrage " Impostures intellectuelles " dénonçant l’ensemble du courant post-moderniste parmi lequel figure les figures de proue de l’intelligentsia française les plus en vue aux Etats-Unis: Deleuze, Derrida, Guattari, Lacan, Lyotard, Serres, Baudrillard, Kristeva et Virillio entre autres.

Que disent les imposteurs ? Ils tirent partie des conclusions de la science moderne, de la mécanique quantique notamment, sur l’indétermination du monde et son inaccessibilité à notre totale compréhension pour conclure que toute connaissance est impossible et que tout exercice de la raison est vain. Un des chefs de file de ce courant dit " post-moderne " est Feyerabend, adversaire radical de Karl Popper qui assimilé tout exercice de la raison à un rationalisme qui ne peut mener qu’à la tyrannie. Le post-modernisme fonde ainsi une nouvelle philosophie libertaire et nihiliste, où, faute de pouvoir connaître le réel on le remplace par une pure spéculation intellectuelle. Jacques Bouveresse s’interroge sur ce goût subit des intellectuels post-modernes pour la mécanique quantique, la théorie du chaos, la géométrie fractale ou le théorème de Gödel. D’où vient-il? Du besoin de prestige et de pouvoir, répond-il, à l’heure où il semble falloir se réclamer de la science pour pouvoir être reconnu, notamment aux Etats-Unis. Pourquoi, par ailleurs, la pratique d’un recours à la science s’accompagne-t-elle, dans le même mouvement, d’un usage de l’analogie où l’esthétique l’emporte sur la rigueur? Parce que, dit Bouveresse, nous vivons une époque où la liberté de penser ne doit pas être entravée par le souci logique ou la confrontation aux faits, et où ceux qui rappellent que la pensée a des règles se trouvent accusés de pusillanimité. Dès lors, les pleins pouvoirs sont donnés à l’imagination, qui peut n’en faire qu’à sa tête au nom de " l’aventure de la pensée ".

Ce " postmodernisme " consiste à tout relativiser, à tout mettre sur un pied d’égalité au nom de la liberté de penser. Une pensée qui a perdu son caractère critique: la liberté de dire n’importe quoi est mieux défendue que celle de dire que tel ou tel propos dit n’importe quoi. Celui qui s’y risque est immédiatement dénoncé à la vindicte publique comme " fasciste ". N’est-ce pas ce que l’on retrouve dans les propos faisant l’éloge de la différence - le différencialisme - qui, inspirée du " politiquement correct " américain, conduit au bout du compte à la ghettoïsation de la société, et au développement, par des voies détournées, du racisme? Et cette logique du relativisme " littérariste ", comme dit Bouveresse, ne va t-elle pas jusqu’à toucher la sociologie lorsqu’elle se fonde sur une " épistémologie de la réception " pour laquelle la valeur d’une théorie se mesure à sa réception par le public ?

Pratiquement, le postmodernisme apporte une justification prétendument scientifique au discours sur l’hétérogénéité qui est au cœur de la pensée dominante actuelle.

  • Son fondement théorique est le relativisme: il n’y a pas de vérité, les faits ne sont que le produit de notre langage. " L’avantage de cette nouvelle notion de fait, c’est qu’on n’a jamais tort " : la vérité n’est plus qu’affaire de croyance qui n’a pas à chercher à se confronter au réel.
  • Son origine est le découragement politique: les idéologies de gauche ont failli. Or, la gauche a été le porte-drapeau de la philosophie des lumières: il faut donc rejeter les Lumières! La science et la raison sont rejetés avec la prétention folle du communisme à connaître parfaitement le monde et à le transformer. Le postmodernisme jette le bébé avec l’eau du bain, la science avec le scientisme, la raison avec le rationalisme. La gauche trahit l’héritage des Lumières et devient obscurantiste.
  • Son fantasme est " les nouveaux mouvements sociaux ": antiracisme, homosexuels, féministes, ces mouvements n’ont pas été pris en compte par la gauche traditionnelle, ils deviennent autant de nouvelles idéologies qui se fondent sur les prétentions scientifiques du postmodernisme et son discours sur la " différence " et son goût pour les réalités virtuelles loin du monde réel, alors que les revendications légitimes des ces mouvements " peuvent trouver une base bien plus solide (…) dans la tradition égalitaire, radicalement démocratique et rationaliste issue des Lumières "
  • Son projet est le libéralisme le plus dur par l’abandon de la solidarité, de l’égalité, le dégoût de la vérité et de la recherche des faits au profit du discours.

En même temps qu’il sonne le glas de la gauche politique, le postmodernisme transforme l’université en instrument de crétinisation de masse où les étudiants " apprennent à répéter et à élaborer des discours auxquels ils ne comprennent pas grand-chose. Ils peuvent même faire carrière à l’université en devenant experts dans l’art de manipuler un jargon érudit " . Le désintérêt pour le monde réel est ainsi théorisé et systématisé. La négation de la poursuite du bien commun reçoit le vernis d’une caution scientifique. Le projet de transformation du monde est remplacé par la gesticulation verbale.

Extrait de "Gouverner par le bien commun"


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La démarcation entre la science et la pseudo-science:

 

  • Le relativisme
    • Définir l'influence pernicieuse du relativisme, "Actualité du bien commun" et "Le bien commun face au relativisme" : "Le relativisme séduit par son caractère "moderniste" et prétendument libérateur. Mais si l'on regarde la réalité des faits, le relativisme n'est que discours. Après avoir démonté pièce par pièce les prétentions scientistes du post-modernisme, Sokal et Bricmont concluent "L'impact négatif du post-modernisme est triple : une perte de temps en sciences humaines, une confusion culturelle qui favorise l'obscurantisme, et un affaiblissement de la gauche politique". Le projet humaniste originel de la gauche s'est en effet progressivement vidé, d'abord par la faillite du marxisme, puis en substituant la pratique de la critique à la critique de la pratique qui est la condition du progrès humain. Mais, soulignent Sokal et Bricmont, "une pensée ne devient pas "critique" simplement en s'attribuant ce titre, mais en vertu et en contenu". La "pensée unique" dans son contenu est une pensée-zéro quant au processus dès lors que toute critique est interdite au nom du relativisme."
    • Qu'est-ce que le relativisme?, par Roger Tremblay du CEGEP du vieux Montréal
    • Une argumentation contre le relativisme, par Jean Laberge du CEGEP du vieux Montréal
    • Une discussion sur le relativisme dans un cybercafé
    • Face au relativisme et à l'historicisme, l'affirmation du droit naturel par Leo Strauss
    • Nos philosophes sont-ils des imposteurs?
    • La sociologie est-elle fatalement exposée au relativisme? Non, il existe une sociologie de la connaissance scientifique:"What's wrong with relativism", par Harry Collins
    • Le "post-modernisme", comme idéologie de la gauche française, puis de la gauche américaine: "Post-modernism and the left", par Barbara Epstein.
    • Le relativisme alimente le courant irrationnel:
      • "Le relativisme me paraît être né d'une réaction contre l'apparition, dans les années 1960-1970, d'une vision de la science comme discours superficiellement cohérent, pouvant pratiquement s'affranchir de tout test empirique. .. Le degré suprême de la déviation par rapport à l'empirisme a consisté à faire comme si l'on rendait un discours scientifique en y mettant des formules. Lacan était friand du procédé. Un auteur lacanien a pu dire sérieusement que l'introduction du mathème* a permis "à la psychanalyse d'approcher le statut accordé, par exemple, à la théorie de la relativité». Ces excès ont conduit à décourager de nombreux chercheurs en sciences humaines, et ce découragement a débouché sur le relativisme et le postmodernisme. C'est du moins l'hypothèse que je formule. Le parcours d'un Baudrillard est caractéristique. On le voit dans l'un de ses derniers livres, Le Crime parfait. Il invoque la mécanique quantique, qu'il connaît mal, pour dire qu'il n'y a rien, que le monde est une illusion et ainsi de suite" Jean Bricmont
    • Ma page consacrée à Leo Strauss
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