La mondialisation - Bibliographie

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Alain Minc : l’idiot du village (mondial)

Alain Minc s’est d’abord fait connaître par un rapport commandé par l’état à la fin des années 70 sur l’informatique. Il y déployait déjà une ferveur messianique à l’égard de la machine, en l’occurrence le Minitel, censé révolutionner la société… Quelques années plus tard, Alain Minc nous annonce dans son dernier livre, www.capitalisme.fr une nouvelle révolution provoquée par les “nouvelles” technologies de l’information, à savoir Internet. On constatera que le discours n’a guère changé, le totem minitel étant remplacé par le totem Internet. Consultant de grands patrons (Pinault, Bolloré…) à qui il prodigue ses conseils, Alain Minc a été moins heureux lorsqu’il a été lui-même chef d’entreprise. Le monde de la finance se souvient encore du prodigieux flop de l’OPA qu’il lança, avec Carlo de Benedetti à la tête de leur société Cerus, sur la Société générale de Belgique (trois milliards de francs de pertes). Par ailleurs, comme Jacques Attali, Alain Minc écrit beaucoup. Quitte à emprunter de manière indélicate comme pour son récent essai sur Spinoza qui contenait des passages ouvertement plagiés sur une biographie de Patrick Rödel parue aux éditions Climats (le plus comique dans l’histoire étant que Minc ou ses “collaborateurs” avait emprunté dans le livre des éléments imaginaires ou romanesques pour les transformer distraitement en vérité historique). Rappelons aussi que l’on doit à Minc le concept de “mondialisation heureuse”, sympathique vue de l’esprit qui ne correspond pas tout à fait à la réalité : plus d’un milliard de travailleurs sont au chômage, 600 millions d’individus sont SDF, d’ici à 2010 plus de 1,4 milliard de personnes vivront sans eau potable, 80 pays sont dans une situation moins favorable qu’il y a dix ans, la consommation moyenne des ménages africains est inférieure de 20% à ce qu’elle était il y a vingt-cinq ans, etc. Son dernier livre, www.capitalisme.fr, emprunte surtout à l’air du temps et à la vulgate néolibérale. On y retrouve le discours qui a fait son succès sur les tréteaux médiatiques : apologie du darwinisme économique, de la démocratie censitaire, de l’Europe régionaliste et fédérale, sans oublier son gimmick démagogique et pernicieux sur “l’équité” préférable à “l’égalité”. La France, au détour d’une phrase, est appelée “l’entreprise France” et les ravages de la mondialisation deviennent des “dommages collatéraux”. Doit-on s’étonner de découvrir le vocabulaire abject de l’Otan dans la prose des thuriféraires du marché conquérant ? Minc, créature hybride née de la collusion entre la gauche caviar et la droite saumon, ne fait que recycler les clichés éculés d’une “modernité” déjà ringarde. Cours, actionnaire, la nouvelle économie est derrière toi !

Christian Authier
www. capitalisme. fr, Grasset, 245 p, 109 francs.

Journal of World System Research: l'école historique issue d' Immanuel Wallerstein:

The main editorial goal of the Journal of World-Systems Research is to develop and disseminate scholarly research on topics that are relevant to the analysis of world-systems. We especially want to include works that proceed from several different theoretical stances and disciplines. These include, but are not limited to, civilizationists, evolutionary approaches, international political economy, comparative, historical and cultural analysis. We seek the work of political scientists, historians, sociologists, ethnographers, archaeologists, economists and geographers
We especially encourage works that take theory seriously by confronting problems of conceptualization and making definitions of concepts explicit, by formulating hypotheses, constructing axiomatic theories and causal models.

Theoretical research programs that combine theory construction with comparative research are badly needed to take the world-systems approach beyond the stage of a perspective.
We also want to encourage the application of comparative, quantititave and network-analytic methods to world-systems research, though we will certainly also publish pieces that do not use these methods. Any empirical study that is deemed relevant to world-systems analysis may be published even if it uses a very different conceptual framework.
And finally we also want to publish discussions of future trajectories and options for the modern world-system and considerations of what can be done to create a more humane, peaceful and just world society.

Très bon ouvrage d'Anton Brender : "La France face à la mondialisation"

Présentant de façon lumineuse des problèmes complexes, ce livre est une contribution de premier plan à un ensemble de débats essentiels qui requièrent une mobilisation de la raison critique alors qu'ils suscitent souvent dogmatisme, langue de bois, régression de la pensée et démagogie.

La mondialisation est un des phénomènes économiques marquants de cette fin de XXe siècle: montée en force des marchés financiers internationaux, concentration du capital industriel (les multinationales), internationalisation des circuits de production (délocalisations, sous-traitances, exportations et importations). A tel point que les États estiment souvent avoir perdu leurs marges de manœuvre nationale. Le défi est donc d'importance à l'heure où l'aggravation du chômage requiert des politiques publiques actives.La réussite de ce livre réside d'abord dans la qualité de la description qu'il propose de cette mondialisation: présentation des données chiffrées originales et détaillées; exposé des différentes théories élaborées pour interpréter ces données; identification des enjeux socio-économiques derrière l'anonymat des chiffres et des flux économiques. C'est de fait l'ouvrage le plus complet qui existe sur la mondialisation. De plus, si l'analyse de F. Chesnais est décapante, elle n'exclut pas un diagnostic en nuances: la mondialisation résulte certes des stratégies des entreprises et des détenteurs de capitaux, mais elle doit aussi beaucoup aux politiques publiques (libéralisation, privatisation, abandon des contrôles sur les mouvements de capitaux, etc.) que les Etats ont mises en œuvre depuis le début des années quatre-vingt.Cette nouvelle édition met en valeur les atouts initiaux de l'ouvrage, déjà salué par la presse économique et généraliste: les chiffres ont été actualisés (la première édition datait de 1994), et les analyses tiennent compte des développements récents, aussi bien des délocalisations que des mouvements financiers qui secouent les économies nationales.
NATIONS ET MONDIALISATION
Gérard Lafay, Michael FREUDENBERG, Colette HERZOG, Deniz UNAL-KESENC

Cet ouvrage analyse le comportement des Nations face aux transformations de l'économie mondiale depuis les années soixante. E s'appuie sur l'exploitation systématique, à un niveau fin, des bases de données CHELEM construites par le CEPII. Les résultats observés sur longue période mettent en évidence les disparités entre les pays développés, le recul de l'Afrique et la montée en puissance des économies asiatiques, mais également les facteurs de déstabilisation qui ont engendré la crise de 1997. Les années quatre-vingt-dix marquent la pleine émergence du phénomène de mondialisation, véritable rupture historique découlant de la combinaison de trois logiques distinctes :

    - chacune des Nations a des caractéristiques qui lui sont propres, et qui se reflètent aussi bien dans son modèle de société que dans sa dynamique de développement ;

    - les entreprises mettent en concurrence les territoires nationaux, de façon directe ou indirecte, en localisant de plus en plus leurs activités à l'échelle mondiale ;

    - l'articulation des Nations et des entreprises se fait dans un marché planétaire qui demeure segmenté, et où les taux de change permettent la communication entre les espaces économiques et monétaires nationaux.

A des degrés divers, ces trois logiques s'exercent, tant dans les échanges internationaux que dansles conditions de croissance intérieure des économies. Mais les dysfonctionnements observés montrent la nécessité de REPENSER, à l'aube du troisième millénaire, le rôle des institution mondiales et des organisations régionales.

Au nom de la "compétitivité" de l'économie nationale, on prône les recettes économiques les plus contradictoires, du protectionnisme à la dérégulation totale. Le livre de Paul R. Krugman - qui a trouvé un large public en France après sa première publication en janvier 1998 - balaye de façon extrêmement convaincante ces clichés trop répandus, à droite comme à gauche. L'économie mondiale est un système complexe de relations à effets rétroactifs, pas un enchaînement de causes mécaniques à sens unique. Convaincu qu'on peut simplement parler d'économie sans trahir cette complexité, Paul Krugman s'est donné comme défi d'accomplir pour les arcanes du libre échange ce que Stephen Jay Gould a réalisé pour les mystères de l'évolution. La limpidité de ses essais et le succès qu'ils ont obtenu aux Etats-Unis, témoignent de la réussite de son ambition.
Une crise qui dure depuis un quart de siècle, une "mondialisation" omniprésente dans les discours publics, des guerres meurtrières d'un nouveau type, des atteintes à l'environnement toujours plus graves : nos contemporains savent qu'ils vivent une période de mutations. Mais dans la cacophonie des débats médiatiques, ils manquent de repères pour en prendre toute la mesure. C'est tout l'intérêt de cet essai majeur de Michel Beaud que d'offrir une mise en perspective de ces évolutions, dans toutes leurs dimensions (économiques, politiques, sociales écologiques). En les replaçant dans la longue période, il montre que la phase d'accélération actuelle est sans précédent dans l'histoire de l'humanité : c'est l'"engrenage des accélérations", conjugué à l'empire sans partage de l'économie et à l'irresponsabilité des dirigeants, qui explique ce "basculement du monde". Pour Michel Beaud, ce basculement est lourd de dangers : l'irrémédiable est désormais possible, même il peut encore être conjuré. Evoquer les périls auxquels nous sommes confrontés n'est pas signe de pessimisme, mais d'esprit de responsabilité. Evaluer les problèmes et leurs sources, redonner prééminence aux valeurs, esquisser des stratégies et travailler à les mettre en oeuvre : là réside l'optimisme. "Entre pessimisme de la raison et optimisme de la volonté, l'auteur dénonce l'idéologie du tout-marchandise." "On aimerait que tous les livres sur l'"horreur économique" aient cette densité."

Denis Collin

La fin du travail et la mondialisation

Il y a 150 ans, la révolution soulevait à nouveau le pavé de Paris. Contre un régime dont le mot d'ordre était "Enrichissez-vous", le peuple se dressait pour la liberté, l'égalité et la fraternité. Mais de quelle liberté réelle dispose celui qui meurt de faim? Que peut vouloir dire pour lui "Etat de droit", si le premier des droits, le droit de vivre lui est dénié ? C'est pour le droit au travail que les ouvriers parisiens manifestaient en Juin 1848 jusqu'à ce que Cavaignac ordonnât qu'on les mitraille. Nous sommes pas si loin de ces temps. Sous couvert de mondialisation, la seule règle morale universelle serait celle du calcul égoïste. Et malheur aux vaincus ! Malheur à ceux qui ne trouvent plus leur plac dans le jeu de la compétitivité. Pour eux il ne reste plus qu'à accepter de travailler dans les conditions du siècle dernier ou à chômer. Faisant de nécessité vertu, on veut même nous faire aimer ce temps libre, ce loisir presque au sens ancien, dont les fermetures d'usines, les licenciements massifs et les "plans sociaux" donnent l'aubaine. Ce discours dominant paraît si fort que, souvent, même les esprits critiques, même ceux que l'injustice révolte, finissent par penser leur critique et leur révolte dans le schéma même de cette idéologie dominante. Il n'est plus temps de verser des larmes de crocodile sur l'exclusion ou la nouvelle pauvreté. Il n'y a pas de tâche plus urgente que d'en finir avec les mensonges intéressés qui servent à légitimer l'inacceptable. Il s'agit surtout d'ouvrir à nouveau la possibilité que les hommes, au lieu de subir la puissance aveugle de leurs propres échanges, en retrouvent la maîtrise par l'action politique. (Denis Collin)

LE COUT HUMAIN DE LA MONDIALISATION
Zygmunt BAUMAN
"Un des traits inquiétants de la civilisation moderne est qu'elle a cessé de s'interroger sur elle-même. Or, il est plus dangereux de ne pas poser certaines questions, que de ne pas répondre aux questions officielles du monde; et poser les mauvaises questions conduit trop souvent à détrouner les yeux des véritables enjeux". Tel est le projet de l'auteur. Une questionnement ontologique sur la mondialisation qui n'en est pas moins pragmatique.
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