LES INCONTOURNABLES

• Une banque de textes fondamentaux unique!
  • The Competitiveness of Nations
    in a Global Knowledge-Based Economy
    An Interdisciplinary Studies PhD Thesis
    by Harry Hillman Chartrand © at the University of Saskatchewan

  L'observatoire français de conjonctures économiques animé par Jérôme Fitoussi, une réflexion indépendante qui a le mérite d'être très argumentée. Publie une lettre régulière, des rapports approfondis.

  ATTAC, l'association bien connue créée par Bernard Cassen: depuis la présidence de Jacques Nikonnoff, elle a cessé d'être "antimondialisation" pour devenir "alermondialiste". Bon.

  Un autre regard sur l’économie Un mérite: la clarté, qui fait de cette revue une ressource incontournable pour les étudiants. Une limite: un engagement politique sans faille du côté de la social-démocratie et de la "construction européenne".

  

  publié par Institute for Research on World Systems. "The main editorial goal of the Journal of World-Systems Research is to develop and disseminate scholarly research on topics that are relevant to the analysis of world-systems. We especially want to include works that proceed from several different theoretical stances and disciplines. These include, but are not limited to, civilizationists, evolutionary approaches, international political economy, comparative, historical and cultural analysis. We seek the work of political scientists, historians, sociologists, ethnographers, archaeologists, economists and geographers" - Une influence de la bien-pensance de gauche anti-occidentale manifeste, mais beaucup d'éléments quand même.

Les grands événements

LE FORUM ECONOMIQUE MONDIAL :Le site officiel WorldLink: le journal du sommet de Davos Le TEMPS (Suisse) Financial Times Les "altermondialistes, idiots utiles de la mondialisation

Le Forum social mondial (FSM) de Porto Allegre, au Brésil "Les tenants de l’actuel ordre économique mondial se retrouveront, comme d’habitude, à Davos, au Forum économique mondial. Ceux qui, dans tous les pays, s’opposent à la « pensée unique » et travaillent à la construction d’alternatives, se réuniront, au même moment, à Porto Alegre, au Brésil, en un Forum social mondial. sera un nouvel espace international pour la réflexion et l’organisation de tous ceux qui s’opposent aux politiques néolibérales et  construisent des alternatives pour donner la priorité au développement humain  et mettre fin à la domination des marchés financiers dans chaque pays et dans les relations internationales." Le contre sommet des libéraux

Les grands débats

1. Après le 29 mai 2005 et le rejet du TCE
2. La théorie des avantages comparatifs: dans quelles conditions le libre échange n'est-il pas un facteur d'appauvrissement?
3. L'ouverture internationale est -elle un facteur de développement pour les pays pauvres?
4. Faut-il avoir peur des tigres asiatiques?

La théorie des avantages comparatifs

Dans quelles conditions le libre échange n’est-il pas un facteur d’appauvrissement?

• " Le libre-échange est profitable s’il s’exerce dans des conditions d’équilibre global du marché qui permet à chaque pays de valoriser son avantage comparatif, conditions qui ne sont aucunement réalisées chez les tenants du mondialisme. Au chapitre “ce que tout élève sait”, nous aurions pu inscrire le rappel des théories des économistes classiques, Adam Smith et David Ricardo: la réalisation des avantages comparatifs suppose deux conditions 1) à l’intérieur de chaque pays, il y a libre circulation des facteurs de production, capital et travail, et 2)au niveau international il y a libre circulation des marchandises et immobilité des facteurs de production (capital et travail) dans chaque pays . Ces conditions sont loin d’être universellement remplies. Seul le capital circule librement: pas les marchandises ni le travail. Sur les autres facteurs de production, les mondialistes font l'impasse:
1. Impasse sur la variation des avantages comparatifs: Madame Béatrice Marre, rapporteure (sic) du rapport d’information sur la préparation à la conférence de l’OMC à Seattle , déclare " le principe de l’avantage comparatif signifie que les pays prospèrent d’abord en tirant profit de leurs ressources pour concentrer leurs efforts sur ce qu’ils peuvent produire dans les meilleures conditions et ensuite en échangeant ces produits contre ceux que d’autres pays produisent dans les meilleures conditions ". Le modernisme du rapporteure (sic) ne l’amène pas à prendre en compte la part de l’immatériel dans les facteurs de production, c’est-à-dire du savoir qui permet de redéfinir en permanence l’avantage comparatif, puisqu’il devient le moteur de l’innovation. Il n’y a que pour les ressources naturelles que l’on peut parler d’avantage comparatif stable. Or, le cadre de développement du savoir ce n'est pas le vaste chaudron mondialiste, mais ce que l'on appelle les "systèmes nationaux d'innovation" qui sont l'interaction de la recherche fondamentale, de l'innovation des entreprises et du système financier qui permet le démarrage des "start-up" innovantes. Ces systèmes reposent sur des caractéristiques culturelles et des structures sociales stables, et les seules qui le soient sont celles des états nations.
2. Impasse sur l'hétérogénéité des conditions de mise en œuvre de ces avantages comparatifs avec à nouveau le refus d'appliquer des règles différentes à des situations différentes. Béatrice Marre, souligne que l’Union " est demandeur de l’inclusion dans le programme des négociations des " nouveaux sujets " que sont les normes sociales, l’environnement, l’investissement ou le droit de la concurrence " . Ce point a déclenché une vive réaction du groupe des intellectuels du tiers-monde et des ONG, emmenés par Jagdish Bhagwati, qui n’y vont pas par quatre chemins : les préoccupations " morales " de l’Union européenne ne sont que du protectionnisme déguisé pour faire monter les coûts de production dans les pays en voie de développement et sont particulièrement hypocrites. " L’agenda social " défendu par l’Union européenne ne traite que de problèmes pour lequel le tiers-monde est l’accusé, jamais de ceux des pays développés comme les obstacles au droit syndical aux Etats-Unis, souligne la déclaration. Cela n'est pas du ressort de l'OMC: autant demander à des joueurs de poker alcoolisés de légiférer sur la tempérance. Mélanger tous les thèmes dans un ordre du jour exhaustif comme le propose l’Union européenne c’est le meilleur moyen de n’en traiter aucun correctement . Il faut au contraire se donner les moyens de traiter tous les aspects du libre échange, comme la mobilité de la main d’œuvre par la création d’un Organisation Mondiale des Migrations que propose Bhagwati. Car si l’OMC était vraiment attachée au libre-échange et aussi rigoureuse qu’elle le prétend dans la mise en œuvre des avantages comparatifs, elle devrait être un partisan résolu de l’ouverture des frontières aux migrations internationales. L’OMC et Mme Béatrice Marre, devraient " soit être à la pointe du combat pour tous les sans-papiers de la planète, soit de fervents partisans de l’instauration de visas d’entrée et de sortie des capitaux (…) le libéralisme, dans sa dimension libre-échangiste, est donc et une incongruité théorique et une escroquerie à l’égard des pays les plus démunis en capital et les plus riches en démographie "
3. Impasse sur les coûts: Si l'on veut appliquer la même règle tarifaire pour tous il faudrait que les coûts soient déterminés selon des règles équitables et qu’ils reflètent l’intégralité des coûts sociaux de production. Ce n'est pas le cas: les pays riches n’appliquent pas le principe " pollueur-payeur " pour les atteintes à l’environnement des pays pauvres, des taux de chômage élevés, des obstacles à l’exercice du droit syndical, la constitution d’oligopoles sont autant de facteurs de distorsion des coûts, souligne également Bhagwati
   En pratique, seule la mondialisation financière est réalisée pour représenter 90% des transactions mondiales. On ne peut donc dire que les conditions de réalisation de la théorie des avantages comparatifs sont réunies. Or, si elle ne le sont pas -et c'est Bhagwati, chaud partisan du commerce international comme support de développement des pays pauvres, qui le souligne - le libre-échange est un facteur d’appauvrissement .
• Références:
  • The next trade negociation round : examining agenda for Seattle http://www.columbia.edu/~jb38/ http://www.columbia.edu/~jb38/Seattle.pdf page 41
  • Bernard Cassen, Le Monde Diplomatique, Novembre 1999, http://www.monde-diplomatique.fr/1999/11/CASSEN/12733.htm
  • "Free trade : What now ?" http://www.columbia.edu/~jb38/papers/freedom_speech.pdf"

Extrait de "Gouverner par le bien commun", Claude Rochet (Octobre 2001)

Les pays pauvres ont-ils à gagner au développement du commerce international?

L'ouverture au commerce international est-elle un facteur de développement? Oui, si elle correspond à la mise en oeuvre d'une politique nationale au niveau de l'Etat-nation, non si on en fait la panacée. Dani Rodrick, professeur à Harvard, mène le débat, et la contestation de l'idéologie dominante au forum ABCDE 2000 de la Banque mondiale.

Historiquement, les pays leaders (l'Angleterre puis les Etats-Unis) ont d'abord été protectionnistes pour accumuler la technologie, puis arrivés ai faite de la puissance, sont devenus libre-échangistes pour écouler leurs marchandises. C'est l'application du principe de "retrait de l'échelle", selon la formule de Friedrich List:

« C'est une règle de prudence vulgaire, lorsqu'on est parvenu au faîte de la grandeur, de rejeter l'échelle avec laquelle on l'a atteint, afin d'ôter aux autres le moyen d'y monter après-nous (…) Une nation qui, par ses droits protecteurs et par des restrictions maritimes, a perfectionné son industrie manufacturière et sa marine marchande au point de ne craindre la concurrence d'aucune autre, n'a pas de plus sage parti à prendre que de repousser loin d'elle ces moyens de son élévation, de prêcher aux autres peuples les avantages de la liberté du commerce » (List, 1856, p. 502).

L'ecole The Other Canon rétablit la réalité du mythe du libre-échange dans l'histoire du développement. Parmi les auteurs les plus actifs sur ce sujet, citons Ha-Joon Chang "Du protectionnisme au libre-échangisme, une conversion opportuniste" qui résume son livre Kicking Away the Ladder: Development Strategy in Historical Perspective.

A l'opposé, l'économiste de la banque Mondiale David Dollar soutient un point de vue radical: la mondialisation est bonne pour les pays pauvres.

Article du Pr. Jagdish Baghwati: "Free Trade: What Now?" Keynote address delivered at the University of St. Gallen, Switzerland, on May 25, 1998, on the occasion of the International Management Symposium at which the 1998 Freedom Prise of the Max Schmidheiny Foundation was awarded. L'apport de Jagdish Baghwati est essentiel, car il distingue clairement les marchés financiers et le commerce international.

Trade, trade policy and poverty, what are the links? par Alan Winters, qui publie également d'autres papiers dans le cadre de l'évaluation des politiques de lutte contre la pauvreté de la Banque mondiale.

Voices of the poors - Visages multiples de la pauvreté et des actions pour la combattre

Faut-il avoir peur des tigres asiatiques ?

P. Krugman insiste - en rappelant l'apport fondamental de Robert SOLOW - sur la distinction entre l'augmentation des facteurs de production et la productivité globale des facteurs (la croissance est le produit des deux). Cette différence est gommée dans les discours sensationnalistes actuels qui nous donnaient en exemple les pays d'Asie, comme modèle à suivre. Grosse erreur, répond l'économiste Alwyn Young : les pays d'Asie sont dans une logique d'accumulation de facteurs de production, donc une croissance finie au sens mathématique du terme, et pas dans une logique de croissance de la productivité. Voir "Understanding Rapid economic Growth: A New tale of The Four Asian Dragon"".

Cette question fait l'objet d'un débat de fond entre économistes, car les tigres asiatiques n'ont pas été frappés d'une crise due à des gains de productivité décroissants, mais par une crise financière, souligne Jagdish Bhagwati

A l'accroissement du stock de capital, E. Todd souligne le rôle de la démographie et de l'éducation comme facteur de production. Avec le déclin démographique et le plafonnement culturel, les pays développés sont renvoyés au problème cru de la productivité qu'ils essayent de fuir derrière la rhétorique guerrière sur la mondialistation et la "compétition internationale". Nos problèmes sont les nôtres et sont avant tout internes.

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