Au sens des théoriciens du libéralisme intégral, basé sur la théorie néo-classique, l'Etat-nation n'est qu'un coût qu'il faut rentabiliser par les infrastructures qu'il réalise. Il ne représenterait que des "frais généraux" à réduire au maximum, le marché étant capable de s'autoréguler seul.
Cette vision est largement idéologique, la théorie néo-classique de la croissance, fondée sur l'accumulation exogène de facteurs de production, est ajourd'hui fortement challengée par la théorie de la croissance endogène. L'Etat a une valeur ajoutée spécifique, par l'action de redistribuition qu'il exerce, par le cadrage stratégique du développement global de la société, la croissance ne résultant pas des seuls facteurs économiques. | |
D'un point de vue historique, cela a été montré par les travaux de l'économie institutionnelle. Discipline ancienne puisqu'elle remonte au XIX° siècle avec les travaux de Thorstein Veblen, de J.R Commons, de Gustav Schmoller, repris de nos jours par Douglass C. North, Prix Nobel et l'économiste hétérodoxe norvégien, Erik Reinert. Les causes de la croissance doivent être recherchées du côté des aménagements institutionnels qui vont être plus ou moins favorables à la croissance.
o Le système institutionnel est autorenforçant puisqu'il contribue à structurer les modèles cognitifs des acteurs. Un des apports essentiels de North est d'avoir identifié le rôle des institutions informelles (ce que l'on retrouve plus largement chez Landes sous le vocable de culture), soit les usages, les conventions, les codes sociaux. Une évolution institutionnelle au niveau formel ne peut réussir que si elle peut s'enraciner dans son substrat informel. Les agents n'ont qu'une vue limitée du jeu auquel ils jouent et du processus de changement dans lequel ils s'engagent: leur jeu constribuent à faire émerger des règles dont les organisations (entreprises, services publics) sont les joueurs. |
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D'un point de vue économique, c'est la conclusion de l'ouvrage "The Economic Consequences of Rolling Back the Welfare State", publié au MIT par A.B Atkinson. L'intervention de l'Etat, si ses institutions sont bien gérées, n'est pas néfaste et est nécessaire!
Atkinson brings a welcome sense of balance to the debate. He warns that many currently fashionable policy proposals to roll back the welfare state could have unintended negative side effects, based as they are on an oversimplified view of the workings of the economy and of how welfare arrangements affect economic incentives. He asks whether there are ways in which the welfare state plays a positive role in the modernization of the economy. He develops new models of the labor market and of the growth of the corporate economy, which provide insight into the role and consequences of unemployment insurance, and the implications of moves to private pension funds. |
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L'Innovation, une affaire d'Etat, gagnants et perdants de la III° révolution industriellePréface de Robert Le Duff « Il convient sans doute de mettre tout à la fois de l'ordre, de la raison, du désintéressement mais aussi de la passion, de la volonté, de l'optimisme dans ce qui peut sembler un fatras d'idées. Il convient de se demander si les effets de modes et les incantations ne jouent pas un rôle trop important et s'il n'est pas possible de donner un peu plus de place dans ces débats trop médiatisés à la rigueur scientifique éclairée par l'histoire des institutions et des faits économiques et sociaux. L'ouvrage de Claude Rochet, issu d'un long travail de recherche soutenu comme thèse de doctorat en sciences de gestion à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines y parvient parfaitement et éclaire de façon originale et approfondie les tenants et aboutissants de cette question majeure. (
) C'est sans doute ce qui fera le charme que ressentiront ses lecteurs à la condition toutefois qu'ils aiment les remises en cause, les idées qui semblent venir parfois d'un peu loin et qui finissent par se nouer habilement en une véritable démonstration à qui sied fort bien certains aspects pamphlétaires qui traduisent la personnalité de l'auteur. Le lecteur aura tout intérêt à lire ce livre comme une histoire un peu dramatique à la conclusion incertaine. Il l'appréciera d'autant plus s'il garde une certaine nostalgie du rôle perdu d'un « bel Etat » qui n'a pas résisté aux vents violents venus d'outre-atlantique tel le « consensus de Washington » qui reprend force en passant au-dessus d'un système de pensée que l'auteur appelle si justement «le consensus de Bruxelles». Les fondateurs de ce « consensus » (qui n'en est d'ailleurs pas un au sens démocratique du terme) souhaitent imposer aux Etats le « one best way » qu'ils ont fabriqué de toutes pièces. (
) L'auteur de « La grande désillusion » (Fayard 2002) Joseph Stiglitz (qui n'est pas sans une certaine ressemblance physique avec l'auteur de « L'innovation, une affaire d'Etat » !) prix Nobel d'économie, ancien conseiller du président Clinton et ex-vice-président de la Banque mondiale en est le plus bel exemple. Auparavant, en 2000, il avait démissionné de son poste à la Banque Mondiale. Il se fera alors traiter par K. Rogoff, directeur de la recherche au FMI, de mégalomane, d'irresponsable et même de fou en le comparant à un autre Nobel d'économie, John Nash (prix Nobel 1994). Il sera aussi traité d'éléphant dans la porcelaine du FMI ! Martin Wolf, l'éditorialiste du Financial Times, le considèrera comme « auto satisfait, irresponsable, simpliste et de mauvais conseil ».
Fallait-il que l'enjeu soit de taille pour déclencher de telles réactions ! » |
Marchés et Etat : Quelle répartition des rôles ? | |
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