Mis à jour le 13/05/09

La mondialisation se traduit par une très forte croissance des inégalités

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Le débat essentiel est "la mondialisation réduit-elle ou accroît-elle les inégalités". Pour les globalolyriques comme David Dollar "Growth Is Good for the Poor". Ce à quoi Kenneth Galbraith objecte dans "Foreign Affairs"

Les apologistes de la mondialisation utilisent une donnée: la croissance du PIB et du revenu moyen. Or, celle-ci ne donne aucune indication sur la répartition effective des revenus, car personne ne reçoit ce revenu moyen: il n'a qu'une existence statistique: le montant du PIB divisé par la population active. Raisonner par le revenu moyen, c'est faire passer l'idée qu'il y a deux extrêmes, une minotité de riches et une minorité de pauvres, et au centre une vaste classe moyenne plus ou moins aisée. Au contraire,.il faut s'intéresser au revenu médian qui représente le revenu effectivement perçu par la plus grande quantité de travailleurs. Or, celui-ci ne cesse de baisser depuis le début des années 1990. Si l'on en croît les études du CREDOC, les revenus des catégories aisées ont fortement cru, tandis qu'apparaît une catégorie de travailleurs pauvres. Le revenu médian a diminué, avec au centre une catégorie intermédiaire qui n'a ni perdu ni gagné. Le fait récent est que cette catégorie, dont l'attitude était neutre face à la mondialisation, commence à voir son revenu baisser. Le seul indicateur valable de croissance des inégalités est en pratique l'écart entre le revenu médian et le revenu moyen. Il peut y avoir une augmentation du PIB - donc du revenu moyen - et une diminution, ou une stagnation, du revenu médian. Croissance économique et croissance des inégalités sont donc compatibles.

1-Inégalité devant les droits humains:

Tous les rapports

La France poursuit sa descente et passe
Le rapport est consacré au développement des droits de l'homme.

La descente de la France s'explique par les critères d'analyse du PNUD:

  • L’organisation d’élections libres et équitables contribue à donner corps au droit à la participation politique.
  • La liberté et l’indépendance des moyens d’information participent des droits à la liberté d’expression, de pensée et de conscience.
  • La séparation des pouvoirs aide à protéger les citoyens contre la violation de leurs droits civils et politiques.
  • L’encouragement d’une société civile ouverte concourt à transformer en réalité le droit de réunion et d’association. Voilà qui, aux côtés de la séparation des pouvoirs, ajoute une importante dimension participative au combat en faveur des droits.

De ces pratiques, qu'en reste-t-il dans ce qui est devenu le royaume de la pensée unique? Le facteur le plus discriminant entre la France et les pays classés premiers est le taux de scolarisation!

2- Inégalité devant les nouvelles technologies

Si, dans les pays à revenu élevé, le nombre de brevets et d’articles de revues scientifiques est fortement lié au PIB par habitant, la part des pays en développement dans cette activité est presque nulle (figure 2). À défaut de compétences technologiques avancées dans ces pays, le progrès technologique y prend la forme d’adaptation et d’adoption de technologies déjà existantes mais nouvelles pour un marché ou une entreprise donnés. De plus, en raison de la taille relativement faible des secteurs technologiques de ces pays, et des opportunités économiques et scientifiques bien plus attractives à l’étranger, un grand nombre de ressortissants de pays en développement qui mènent des activités de recherche de pointe le font dans les pays à revenu élevé.

À titre d’exemple, sur un total de 21,6 millions de scientifiques et d’ingénieurs travaillant aux États-Unis, 2,5 millions sont nés dans des pays en développement

Rapport sur les perspectives économiques mondiales, 2008


Documents téléchargeables au format .pdf

Le développement des moyens de communication: une opportunité qui se traduit principalement par un écart croissant dans l'accès aux nouvelles technologies:
Cette question est le thème central du

"Rapport mondial sur le développement humain 2001"

est centré sur les potentialités ouvertes par la technologie pour les pays en développement:

La "fracture numérique" ne date pas d'aujourd'hui: la diffusion des technologies des précédentes révolutions technologiques n'est toujours pas réalisée:

3- Inégalité devant le savoir 

4- Une nouvelle pauvreté

LES RAPPORTS DE LA BANQUE MONDIALE

La Banque mondiale en passe de réhabiliter le rôle de l'Etat
LEMONDE.FR | 20.04.07 | 06h44  •  Mis à jour le 20.04.07 | 11h23

La Banque mondiale change d'ère. Son prochain Rapport mondial annuel sur le développement, qui doit être rendu public en septembre, encourage les gouvernements des pays pauvres à encadrer et à soutenir leurs paysanneries, prenant à contre-pied la doctrine néo-libérale "d'ajustement structurel" défendue par le bailleur de fonds international depuis une génération. Pour la première fois depuis 1982, ce rapport, qui oriente la stratégie de la Banque mondiale, se concentre sur l'agriculture. Délaissée par les politiques de lutte contre la pauvreté, l'aide au secteur agricole redevient un enjeu majeur.

La version provisoire du World development report 2008 dont Le Monde.fr a eu connaissance débute par un constat : "Il est frappant de voir que les trois quarts des pauvres des pays en développement sont des ruraux : 2,1 milliards d'individus vivent en dessous du seuil de pauvreté de 2 dollars par jour, soit un tiers de l'humanité (...). Bien que l'agriculture ne soit pas le seul instrument capable de les sortir de la pauvreté, c'est une source hautement efficace de croissance pour y parvenir."

"LES BAILLEURS ONT TOURNÉ LE DOS À L'AGRICULTURE"

Suit un diagnostic qui sonne comme l'aveu d'un fourvoiement : "Malgré cela, la puissance de l'agriculture pour le développement a trop souvent été sous-utilisée. Avec la domination de l'industrialisation dans le débat politique, le développement par l'agriculture n'a souvent même pas été considéré comme une option. Les pays en développement connaissent très fréquemment un sous-investissement et un mal-investissement dans l'agriculture, de même que des travers politiques qui jouent à l'encontre de l'agriculture et des populations rurales pauvres. Et les bailleurs ont tourné le dos à l'agriculture. Cet abandon de l'agriculture a eu des coûts élevés pour la croissance, le bien-être et l'environnement."

Le rapport, en cours de validation par les Etats membres de la Banque, est examiné par le ministère des affaires étrangères français depuis le début du mois d'avril. Même si son contenu peut encore évoluer (et être édulcoré), "la Banque mondiale est déterminée à entériner cette évolution historique de son discours", atteste un haut responsable du bailleur de fonds international à Washington.
Le Français Michel Griffon, responsable de l'agriculture et du développement durable au sein de l'Agence nationale de la recherche, se réjouit d'un tel revirement, "qui devrait orienter l'action de la Banque mondiale pour vingt ans". "C'est le document que nous attendions de la Banque mondiale depuis plus de vingt ans, depuis que les politiques d'ajustement structurel ont balayé les politiques publiques agricoles antérieures sans les remplacer", applaudit-il.
 

FIN DU "CONSENSUS DE WASHINGTON"

Constatant que la part de l'agriculture dans les dépenses publiques a reculé entre 1980 et 2004, que ce soit en Afrique (de 6,4 % à 5 %), en Amérique Latine (de 14,8 à 7,4 %) ou en Asie (de 8 à 2,7 %), le texte de la Banque mondiale insiste sur la nécessité de relancer ces aides. "La croissance agricole, bien que conduite par le secteur privé et le marché, est très dépendante du soutien du secteur public. C'est pourtant dans les pays où l'agriculture est la plus vitale que les Etats tendent à être les plus faibles. (...) La mise en place de politiques de développement agricole réclame de solides stratégies nationales et une administration publique œuvrant en faveur d'une distribution et d'une responsabilité financière efficaces (...)."

Vincent Ribier, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, a participé à une réunion d'experts sur le rapport au Quai d'Orsay le 6 avril dernier. Impressionné par ce changement de ton, il affirme : "Les politiques néo-libérales d'ajustement structurel défendues par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont eu un impact très direct et très négatif sur le monde rural dans les pays pauvres."

Selon cet économiste, la Banque mondiale s'apprête à sceller pour la première fois dans un rapport international majeur "la fin du consensus de Washington", qui résume depuis 1989 la stratégie des experts de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et du département du Trésor américain : privatisation, déréglementation, impôts faibles, libéralisation des échanges. L'un des auteurs principaux du rapport confirme : "On s'est clairement placés au-delà du consensus de Washington, parce que la pauvreté n'a pas reculé, et que maintenant il y a l'urgence environnementale."

A l'heure où selon les Nations unies, l'exode rural n'a jamais été aussi rapide dans l'histoire, la nouvelle ligne adoptée par le rapport de la Banque mondiale trouve son origine dans le constat de nouveaux périls. "L'accélération du changement climatique, l'imminence d'une crise de l'eau, la lente adoption des nouvelles biotechnologies, et le bourgeonnement de la demande de biocarburants et d'aliments pour le bétail créent de nouvelles incertitudes sur les conditions dans lesquelles la nourriture sera disponible dans l'économie mondiale", prévient la Banque mondiale.

Matthieu Auzanneau

Le rapport 2004 est consacré à l'accès des pauvres aux services: "ce document révèle que, trop souvent, les pauvres n’ont pas accès à des services de qualité, et ce dans les quantités requises. Cette situation est de nature à rendre vains les efforts visant à atteindre les Objectifs de développement pour le millénaire. Ces Objectifs appellent à réduire de moitié le phénomène de la pauvreté dans le monde et à apporter des améliorations substantielles au développement humain avant 2015. Le rapport cite des exemples pertinents de pays où les services fonctionnent bien, montrant comment pouvoirs publics et citoyens peuvent améliorer les choses. Le rapport parle également de succès spectaculaires et d’échecs cuisants qui ont caractérisé les efforts que certains pays en développement ont déployé pour fournir des services de base meilleurs. Ce qui distingue le succès de l’échec est le degré d’implication des pauvres dans la détermination de la qualité et de la quantité des services qui leur sont fournis."

Le rapport 2002 est consacré à l'accès des pauvres aux marchés. Un sujet délicat où s'affrontent les intégristes des deux côtés: les partisans de l'assistanat contre ceux du tout marché. Le sujet est pourtant d'importance: l'accès des pauvres aux marchés est la condition incontournable de la sortie de la pauvreté, à condition que ce soit au travers de stratégies adaptées. L'institut britannique Bretton Woods Project donne les éléments du débat. On y trouve une analyse des rapports de la Banque, et des propositions pour la réforme de la Banque et du FMI.

A noter:

Rapport 2001: La Banque Mondiale et l'institut londonien PANOS ont organisé en mai 2000 un forum électonique sur le thème "Globalisation et développement". La Banque Mondiale a organisé un débat en ligne autour de la préparation de son rapport 2000/2001 qui est consacré à la lutte contre la pauvreté. Vous pouvez accéder au plan du rapport et aux conclusions de la discussion qui s'est tenue par voie électronique. Lire le Rapport préparatoire. The Bretton Woods Project and New Policy Institute will be independently sponsoring and moderating this consultation of the draft, with technical assistance from the World Bank's Development Forum team.

Le rapport des Nations-Unies sur les perspectives 2015 de développement.

5- Une inégalité devant les atteintes à l'environnement

Les nantis bénéficient de la corne d’abondance de la consommation. Mais ce sont les pauvres - à l’échelon des individus comme des pays - qui supportent un grand nombre de ses coûts. Les formes les plus graves de dénuement humain dues à la dégradation de l’environnement sont concentrées dans les régions les plus pauvres et affectent les individus les plus démunis, qui n’ont pas les moyens de s’en prémunir.
Les pauvres sont les personnes plus exposées aux effluents gazeux et à la pollution des cours d’eau et les moins à même de s’en protéger. On estime à 2,7 millions le nombre de décès dus chaque année à la pollution de l’air, dont 2,2 millions pour la pollution à l’intérieur des bâtiments. Quelque 80 % des victimes en sont des personnes pauvres vivant en milieu rural dans les pays en développement. La fumée dégagée par la combustion du bois de feu et des excréments animaux est plus dangereuse pour la santé que celle du tabac. Pourtant, jour après jour, des millions de femmes sont condamnées à passer des heures à cuisiner au moyen de tels combustibles.

Davantage utilisée dans les pays en développement et en transition que dans les pays industrialisés, l’essence au plomb nuit gravement à la santé humaine, et nuit notamment au développement cérébral de l’enfant. Ainsi, à Bangkok, quelque 70 000 enfants risqueraient de perdre au moins 4 points de QI du fait de la forte teneur en plomb de l’air ambiant. En Amérique latine, environ 15 millions d’enfants de moins de deux ans courent le même risque.

  • · Un enfant qui voit le jour dans le monde industrialisé consommera et générera, au cours de sa vie, plus de pollution que 30 à 50 enfants nés dans les pays en développement.
  • · Depuis 1950, les pays industrialisés, du fait de leurs hauts niveaux de revenu et de consommation, sont à l’origine de plus de la moitié de l’accroissement dans l’utilisation des ressources.
  • · Les 20 % de la population mondiale vivant dans les pays les plus riches sont responsables de 53 % des émissions de dioxyde de carbone, contre 3 % pour les 20 % habitant les pays les plus pauvres. Le Brésil, la Chine, l’Inde, l’Indonésie et le Mexique comptent parmi les pays en développement générant le plus d’émissions. Cependant, compte tenu de l’importance de leur population, leurs émissions par habitant restent très faibles : 3,9 tonnes par an au Mexique et 2,7 en Chine, contre 20,5 aux Etats-Unis et 10,2 en Allemagne. Les conséquences du réchauffement planétaire dû au dioxyde de carbone risquent d’être dévastatrices pour de nombreux pays pauvres : une augmentation, même faible, du niveau des mers pourrait ainsi faire perdre au Bangladesh 17 % de sa superficie émergée.
  • · Près d’un milliard de personnes vivant dans 40 pays en développement risquent de se voir privées de leur principale source de protéines, du fait de la surexploitation des réserves halieutiques, liée à une demande croissante à l’exportation d’aliments pour animaux et d’huiles.
  • · Les 132 millions de personnes vivant dans des zones touchées par le stress hydrique se trouvent principalement en Afrique et dans certains pays arabes. Si les tendances actuelles se poursuivent, leur nombre pourrait atteindre 1 à 2,5 milliards d’ici 2050.
  • · La déforestation touche avant tout les pays en développement. Depuis 20 ans, l’Amérique latine et les Caraïbes ont perdu 7 millions d’hectares de forêts tropicales, contre 4 en Asie et en Afrique subsaharienne. La plus grande partie de cet appauvrissement est dû à la demande de bois et de papier, qui a respectivement quadruplé et quintuplé depuis 1950. Cependant, plus de la moitié du bois et près des trois quarts du papier consommés dans le monde le sont dans les pays industrialisés.

Ces problèmes environnementaux découlent certes en partie d’une situation d’abondance, mais aussi de l’aggravation de la pauvreté. La paupérisation croissante des sociétés et l’absence d’autres solutions multiplient le nombre des personnes démunies et sans terre, contraintes de faire subir des pressions sans précédent aux ressources naturelles pour survivre. La pauvreté et l’environnement sont pris dans un cercle vicieux. Les dégradations subies par l’environnement dans le passé aggravent la pauvreté aujourd’hui, et celle-ci fait qu’il est très difficile de se préoccuper des ressources agricoles ou de les rétablir, de trouver des solutions de remplacement à la déforestation, d’empêcher la désertification, de mettre un frein à l’érosion et de réintroduire des éléments fertilisants dans le sol. Les pauvres sont contraints de puiser dans les ressources - au risque de les épuiser - pour survivre. Et cette dégradation de l’environnement ne fait qu’accroître leur pauvreté.

Lorsque ce cercle vicieux atteint ses limites, les pauvres se voient contraints de se diriger, en nombre croissant, vers des terres écologiquement fragiles. Près de la moitié des personnes les plus pauvres vivant dans le monde - soit plus de 500 millions d’individus - sont installées dans des zones exposées à des menaces écologiques.

La relation pauvreté-atteintes à l’environnement dans les pays en développement doit également être envisagée dans le contexte de la croissance démographique. Dans ces pays, les pressions sur l’environnement s’intensifient chaque jour, à mesure que la population augmente. La population mondiale devrait représenter 9,5 milliards d’individus en 2050, dont plus de 8 milliards dans les pays en développement. Nourrir correctement cette population suppose de multiplier par trois la quantité de calories consommées actuellement, ce qui représente quelque 10 milliards de tonnes de céréales par an. La croissance de la population contribuera ainsi au surpâturage et à la surexploitation des forêts et des terres agricoles.

Les interrelations entre les individus et leur environnement sont complexes : elles sont loin de se limiter à une question de richesse ou de pauvreté. La forme de propriété des ressources naturelles, l’accès aux biens communs, la force des communautés et des institutions locales, la question des différents types de droits, ainsi que celle des risques et des incertitudes sont autant de déterminants majeurs du comportement face à l’environnement. On peut également ajouter à cette liste les inégalités sociologiques entre les sexes, les politiques publiques et les mécanismes d’incitation.

Depuis quelque temps, pays riches et pays pauvres prennent davantage conscience des questions d’environnement. Les premiers, qui disposent de ressources plus abondantes, consacrent davantage d’argent à la protection et à l’assainissement de l’environnement. Les pays en développement, qui disposent pourtant de moins de ressources, adoptent eux aussi des technologies plus propres et s’efforcent de réduire la pollution. C’est par exemple le cas de la Chine.

La communauté mondiale s’est également attaquée à certains problèmes environnementaux qui affectent directement les pauvres. C’est le cas de la désertification, du recul de la biodiversité ou des exportations de déchets dangereux. Ainsi, la Convention sur la diversité biologique a été signée par la quasi-totalité des pays du globe : plus de 170. Celle sur la lutte contre la désertification a, pour sa part, été ratifiée par plus de 100 pays, mais la dégradation des terres arides, menace majeure pour les moyens de subsistance des pauvres, continue de plus belle.

Enfin, la communauté internationale ne s’est pas encore penchée de manière sérieuse sur d’autres nuisances environnementales frappant en particulier les pauvres : la contamination des eaux et la pollution à l’intérieur des bâtiments, par exemple. Des instances mondiales discutent ainsi du réchauffement de la planète, mais qui se préoccupe des 2,2 millions de décès causés chaque année par la pollution dans les bâtiments ?

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