Un tel changement ne se pilote pas avec les méthodes traditionnelles qui ont fait la force du XX° siècle : Notre raisonnement face à la complexité reste analytique, notre vision du monde disciplinaire, nos connaissances de nature encyclopédique. Nous continuons à extrapoler de manière linéaire les données du passé, alors que les évolutions que nous vivons sont non linéaires. Ce sont de nouveaux modes de raisonnement qu'il s'agit de bâtir, en commençant par des modèles d'autorités adaptés.
Les investissements technologiques, notamment dans le domaine de l'information doivent donc être pensés comme des investissements stratégiques, pour le recherche de nouvelles sources de création de valeur, associés à une transformation de l'organisation, et non de simples investissements informatiques. Le but des projets technologiques nest pas limplantation dune technologie comme sil ne sagissait que dautomatiser une fonction (la paye) mais la reconfiguration dune organisation et de ses processus. Cette innovation organisationnelle ne peut résulter que dun pilotage par une maîtrise douvrage stratégique puissante professionnalisée représentant les métiers, cernant pleinement tous les enjeux, capable de reconfigurer lensemble des processus impactés. Une maîtrise douvrage trop faible- qui naurait pas intégré compris que les grands projets technologiques ne sont pas des projets informatiques mais des projets stratégiques- est le principal facteur déchec des projets car lon fait alors de la reingéniérie des processus pour que lorganisation puisse entrer dans larchitecture définie par la technologie (cest particulièrement le cas dans les projets ERP) et non linverse ! Des compétences darchitecte et durbanisteLa réflexion sur la stratégie des administrations publiques ne se sépare pas de la réflexion sur leur S.I. qui fournit à la stratégie son langage et son découpage conceptuel. Les deux doivent être conçus ensemble. Recommandations générales :Le monde de la technologie et de linnovation est par nature incertain et à risques et nest pas mature comme celui, par exemple, de la comptabilité. Que les fournisseurs cachent cette dimension et prêtent à leur technologie des propriétés thaumaturges est dans lordre des choses dans la conjoncture de techno-lyrisme alimentée par la bulle spéculative. Première étape : Penser l'architectureLes systèmes d'information doivent se penser prioritairement en termes de livrables (services rendus) aux utilisateurs. En second lieu, ils doivent se calquer sur les métiers de la firme, voire en piloter l'évolution. En troisième lieu, ils doivent assurer leur propre perennité pour que l'évolution des systèmes soir guidée par l'évolution des métiers, pas par les aléas propres aux technologies de l'information. A partir de là, il faut penser les processus : "Un processus n'est pas autre chose qu'un scénario présentant un des comportements possibles d'un système. Un processus est construit sur la base des échanges qui ont lieu entre les objets connectés à travers les points de service. Par conséquent, la rénovation des processus signifie une modification des scénarios et des services afin d'atteindre le niveau de service requis (nous appellons cela un "service rendu"). " Pour penser l'architecture , il faut se doter d'un méta-modèle : plus que la modélisation d'un processus ou d'une famille de processus particuliers, le meta-modèle est le cadre général de conception de l'architecture et donc des modèles de processus. Pour que les architectures puissent intégrer les évolutions, il faut les construire à partir d'objets stables (qui sont en fait des services) que l'on pourra aisément remodeler en fonction de l'évolution des modèles : "Le principe de base de la technologie objet est la construction de logiciel à partir de composants, si possible standardisés et réutilisables. On appelle objets ces composants. Ils encapsulent les informations et les opérations qui définissent un comportement. Ils communiquent entre eux par l'intermédiaire de messages. Les objets informatiques correspondent souvent à des objets du monde réel. Des systèmes d'information complexes peuvent être construits par composition, classification ou associations d'objets, comme dans la nature, où des systèmes vivants complexes sont construits à partir de cellules." (la technologie objet) |
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La méthode AMARCO, une application de l'approche objet à la conception des systèmes d'information. Sur le point clé des méthodes de conception, la référence est le Software engineering institute, de l'Université Carnegie Mellon ;
Dynamique de la relation entre direction générale et direction des systèmes d'information McKinsey et le Cigref ont mené une étude auprès des directions générales et directions des systèmes d'information des grandes entreprises françaises. Elle remet en cause plusieurs idées reçues et veut sensibiliser les entreprises aux fondements et paradoxes de la relation DG-DSI. En éclairant sur l'adéquation des différents modèles de relation DG-DSI aux enjeux identifiés pour les systèmes d'information. Cette étude remet en cause deux idées largement répandues en France, à savoir : d'un côté, le peu d'intérêt des directions générales pour les sujets liés aux systèmes d'information et à l'informatique en général, et de l'autre, le fonctionnement en tour d'ivoire des directions des systèmes d'information. * Quels sont les principaux points de convergence et d'écart entre les perceptions et les attentes réciproques des Directions Générales et des Directions des Systèmes d'Information ? |
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Deuxième étape : Conduire le projetCes projets sont des projets complexes, qui ne peuvent être conduits avec un mode de pensée linéaire et une gestion de projet traditionnelle 'Profondément ancrée dans la pensée grecque de l'action raisonnée et délibérée, la réflexion stratégique occidentale, à la guerre comme dans les affaires, s'efforce d'amender - mais bute inexorablement sur - les catégories irréductibles de cet héritage : clivages théorie/pratique, but/moyens, plan/action, stratégie/tactique ; conception de formes idéales a priori (projet, plan, vision...) à imposer à l'environnement (maîtrise dela nature de Descartes, choix de la voie la plus courte de Clausewitz...)en réduisant les écarts, les fonctions entre " le modèle " et " la réalité ". (Décision et action stratégique en situation complexe) |
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La référence en matière de conduite de projets complexes : notre étude IMEC. Vous pouvez télécharger une présentation (en .pdf) de la méthode S+ (fichier .pdf 850K, réservé aux abonnés). Les analystes ; |
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Troisème étape : Transformer l'organisationLes organisations sont par définition la codification de l'expérience passée. Elles sont par nature en retard sur les changements induits par l'innovation. Compte tenu de la vitesse des mutations induites par le développement de l'économie de l'information, ce retard va devenir préoccupant. "L'accusé n'est plus ici la technique, mais les hommes et les modèles d'organisations auxquels ils refusent de renoncer. La résistance s'expliquerait par le fait que les technologies de l'information, bien qu'elles soient, par essence, qualifiantes, seraient destructrices tout à la fois des métiers et des hiérarchies, c'est à dire des situations acquises. Dès lors (...) il faudra passer par une longue période d'apprentissage et de changement organisationnel" ( François Caron "Les deux révolutions industrielles du XX° siècle") La gouvernance du système d'information (IT governance) devient un art essentiel, qui permet de partir des objectifs stratégiques et des besoins des métiers pour penser l'architecture et évaluer la valeur des projets. Des normes de gouvernance ont été définies par le CoBit. Comment inventer l'organisation du XXI° siècle?
TIC et évolution du travail
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Le meilleur comme le pire!
Il n'en est rien. Dans un excellent dossier, The Economist fait le point sur le mirage Internet et les vrais possibilités qu'il offre une fois dissipées les brumes de l'ivresse: "A survey of The internet society" . On y retrouve "la déclaration d'indépendance du cyber espace", qui devait être à l'abri des législations et des gouvernements. En réalité, Internet va poser des problèmes clés de confidentialité des données et offriur une arme d'intrusion dans la vie privée qui peut être terrible en des mains mal-intentionnées "No hiding place". Internet ne favorise pas la démocratie, comme l'on clamé les gourous, mais conforte plutôt les dictatures, comme le montre cette étude "The Internet and State Control in Authoritarian Regimes: China, Cuba, and the Counterrevolution ", réalisée sous l'égide du think-tank Carnegie Endowment Information Revolution and World Politics Commençons par le pire : " L'informatique offre des possibilités décuplées de contrôle social. La tentation de l'utiliser comme garde-chiourme et comme mouchard est grande. Tous n'y résistent pas. Témoins les systèmes perfectionnés mis en place dans certaines entreprises pour contrôler la productivité, la présence, l'intensité du travail des opérateurs. Le rêve orwellien du " télécran " omniprésent : contrôler en temps réel, c'est-à-dire sans délai, et de manière exhaustive, la performance de chaque individu, de chaque équipe, de chaque machine, peut se réaliser. Mesure des temps d'opération par la machine elle même, traçabilité des produits pouvant permettre d'identifier le fauteur de non-qualité, séquences préétablies et minutées avec précision..." Philippe Lorino "Au risque de l'éclatement social" Les politiques éducatives sont actuellement saisies du mirage technologique internet, qui fonde les thèses les plus fantaisistes sur le remplacement du maître par l'ordinateur. Cela repose sur une confusion entre savoir et information. Voir ma page sur ce sujet. La constitution de réseaux de communication, loin d'unifier le monde, favorisent la tribalisation, la constitution de communautés, de tribus virtuelles ou non, qui constituent leur propre codes et leur propre langage. Cette utopie du "village plantéaire" est bien dénoncée par Philippe Breton dans "l'illusion communicationnelle " "Cette utopie est celle d'un homme "sans intérieur", réduit à sa seule image, dans une société rendue "transparente" par la grâce de la communication. Et si elle s'affirme aujourd'hui avec autant de force, c'est qu'elle a été théorisée en des termes étonnamment actuels dès la fin de la Seconde Guerre mondiale par un mathématicien américain, Norbert Wiener, dont l'oeuvre essentielle reste trop méconnue. Philippe Breton montre comment il a conçu l'utopie communicationnelle comme une arme absolue contre le retour de la barbarie : elle effacerait le secret, qui seul rendit possibles le génocide nazi, Hiroshima et le Goulag. L'analyse critique de ces travaux permet à l'auteur de démontrer comment, paradoxalement, la "société de consommation" peut ouvrir la voie à la violence et à l'exclusion."Notre auteur a le mérite de ramer à contre-courant, de regarder de l'autre côté du miroir aux alouettes de la communication pour dénoncer ses théories utopistes servant d'alternative possible aux idéologies ou à l'humanisme.". Une révolution technologique, vraiment? Ce n'est pas l'avis du professeur Robert Gordon qui a lontemps été un sceptique sur ce sujet "Does the "New Economy" Measure up to the Great Inventions of the Past? " "The Internet fails the hurdle test as a Great Invention on several counts. First, the invention of the Internet has not boosted the growth in the demand for computers; all of that growth can be interpreted simply as the same unit-elastic response to the decline in computer prices as was prevalent prior to 1995. Second, the Internet provides information and entertainment more cheaply and conveniently than before, but much of its use involves substitution of existing activities from one medium to another. Third, much internet investment involves defense of market share by existing companies like Borders Books faced with the rise of Amazon; social returns are less than private returns. Fourth, much Internet activity duplicates existing activity like mail order catalogues, but the latter have not faded away; the usage of paper is rising, not falling. Finally, much Internet activity, like daytime e-trading, involves an increase in the fraction of work time involving consumption on the job." De manière beaucoup plus pragmatique, l'accroissement de la quantité d'informations à traiter se traduit par une perte de contrôle sur les phénomènes: C'est le sens de cette analyse de Francis Heylighen
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Le pire :
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Ensuite le meilleur:Au début était la tribu, puis vint le village et se formèrent les villes. Ce fut ensuite la Nation. L'espace de délibération des individus est aujourd'hui le monde entier. Il y a là matière à créer un cerveau global planétaire, mais il faut préalablement pouvoir répondre à plusieurs questions qui sont l'objet de programmes de recherche:
La transformation des organisations et des économies
This comprehensive volume includes state-of-the-art analyses of the problems of and prospects for information societies. It is about the structures and processes of inquiry and institutional change and their relationship to rapid innovations in information and communication technologies. The work of William H. Melody features centrally in this volume which is compiled in his honour. It contains over 50 contributions by outstanding scholars whose choices of topics cover issues that are of substantial significance today. The volume is divided into five main sections each addressing a central question: What is the role of institutions of higher education in the 'Information Age' and how does scholarly research become involved in 'networking knowledge'? |
Le meilleur :
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De l'information à la connaissance
Et la politique?
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Date de dernière mise à jour : 30/08/03