Les stratégies de changement

Un tel changement ne se pilote pas avec les méthodes traditionnelles qui ont fait la force du XX° siècle : Notre raisonnement face à la complexité reste analytique, notre vision du monde disciplinaire, nos connaissances de nature encyclopédique. Nous continuons à extrapoler de manière linéaire les données du passé, alors que les évolutions que nous vivons sont non linéaires. Ce sont de nouveaux modes de raisonnement qu'il s'agit de bâtir, en commençant par des modèles d'autorités adaptés.

Les investissements technologiques, notamment dans le domaine de l'information doivent donc être pensés comme des investissements stratégiques, pour le recherche de nouvelles sources de création de valeur, associés à une transformation de l'organisation, et non de simples investissements informatiques.

Le but des projets technologiques n’est pas l’implantation d’une technologie comme s’il ne s’agissait que d’automatiser une fonction (la paye) mais la reconfiguration d’une organisation et de ses processus.

Cette innovation organisationnelle ne peut résulter que d’un pilotage par une maîtrise d’ouvrage stratégique puissante professionnalisée représentant les métiers, cernant pleinement tous les enjeux, capable de reconfigurer l’ensemble des processus impactés. Une maîtrise d’ouvrage trop faible- qui n’aurait pas intégré compris que les grands projets technologiques ne sont pas des projets informatiques mais des projets stratégiques- est le principal facteur d’échec des projets car l’on fait alors de la reingéniérie des processus pour que l’organisation puisse entrer dans l’architecture définie par la technologie (c’est particulièrement le cas dans les projets ERP) et non l’inverse !
Les décisions de maîtrise d’ouvrage sont des décisions stratégiques, c’est-à-dire des décisions concernant le positionnement de l’entité et qui se prennent dans le doute et l’incertitude. Dans le cas du SI, il s’agit essentiellement de pondérer une prise de risque face aux promesses des technologies.

Des compétences d’architecte et d’urbaniste

La réflexion sur la stratégie des administrations publiques ne se sépare pas de la réflexion sur leur S.I. qui fournit à la stratégie son langage et son découpage conceptuel. Les deux doivent être conçus ensemble.
Aussi, la définition de l’architecture du S.I. est –elle un exercice qui peut se révéler plein d’ambiguïté, les questions de découpage de l’organisation s’exprimant en langage de technique informatique alors qu’il s’agit de réels problèmes de stratégie.
Le codage des données est généralement un sujet de conflit et pose les questions stratégiques essentielles: codifie-t-on plutôt à partir des livrables aux usagers et bénéficiaires ou à partir d’actes de gestion internes ? A-t-on la volonté de s’attaquer aux tables de codages hétérogènes qui nuisent à l’intégrité et à la cohérence stratégique des données mais permettent de faire perdurer les cloisonnements organisationnels ?
Le système d’information est l’une des premières victimes du compromis managérial, particulièrement fort dans le secteur public, qui fait perdurer ces cloisonnements et les féodalités internes à l’établissement : on passe vite du système au machin mal proportionné et coûteux. On va prêter attention aux détails alors qu’il faut mettre l’effort sur l’ensemble.
C’est l’intérêt du concept d’urbanisation des systèmes d’information qui signifie la systématisation des architectures de chaque projet et le positionnement de chaque projet dans une vision globale du système, qui va s’exprimer par des « maquettes », une présentation synthétique de la solution, sans être noyé dans les détails .
La démarche consiste à distinguer les données des traitements et à organiser le système d’information en fonctions indépendantes les unes des autres. On définit ainsi une architecture fonctionnelle.
L’instance de pilotage de l’informatisation de ces fonctions est le fait de la maîtrise d’ouvrage stratégique, attachée, non à un projet, mais à l’architecture de ces de fonctions au niveau du système d’information. Tout comme superviser le développement d’un quartier et construire un immeuble sont deux responsabilités différentes.
Le développement des logiciels libres devrait favoriser cette évolution d’une informatique dépendante d’éditeurs de progiciels à une informatique axée sur l’ingénierie système en recourant notamment à des méthodes agiles, beaucoup plus légères et moins coûteuses comme l’approche objet et le développement d’application selon les normes de langage UML (Unified Modeling Language) qui permettent de faire le lien entre les applications nouvelles et les systèmes en place sans procéder à un bouleversement radical dont le coût et le risque sont aujourd’hui très élevés et avérés.

Recommandations générales :

Le monde de la technologie et de l’innovation est par nature incertain et à risques et n’est pas mature comme celui, par exemple, de la comptabilité. Que les fournisseurs cachent cette dimension et prêtent à leur technologie des propriétés thaumaturges est dans l’ordre des choses dans la conjoncture de techno-lyrisme alimentée par la bulle spéculative.
Son éclatement devrait favoriser le retour à une vision raisonnée de l’innovation et de ses impacts sur la productivité et les bénéfices que peuvent en retirer les citoyens comme utilisateurs finaux de l’administration.
L’innovation dans les services rendus repose étroitement sur l’innovation dans les processus : la mise en ligne des formulaires administratifs a fait apparaître la nécessité d’en évaluer l’utilité, de les repenser, d’en réduire le nombre et de commencer à simplifier le processus de gestion qu’ils alimentent.
Au-delà, ce sont des modèles d’activité entiers de politiques publiques qui sont à réinventer, comme l’achat public ou l’information géographique qui sont des problèmes de l’heure.
Ainsi, pour l'Etat, l’implantation du nouveau dispositif budgétaire disposé par la LOLF faisant obligation de l’évaluation de la performance et de l’impact des programmes, va imposer aux S.I. d’être la couche technologique permettant le contrôle de gestion et l’évaluation. Architecture S.I. et architecture des programmes vont être étroitement liés : les architectures S.I vont devoir dessiner les périmètres virtuels des politiques, au-delà des périmètres définis par la LOLF, dès lors que des politiques sont impactées par plusieurs programmes. Des « intranets de politique publique », reliant administration centrale, établissements publics et autres acteurs intervenant dans son champ, devront permettre de concevoir des organisations virtuelles adaptées à l’évaluation et au pilotage des politiques.
Si l’administration a un retard, c’est sans doute dans ces compétences de concepteurs de nouveaux systèmes et de maîtrise d’ouvrage stratégique de projet technologique. Aux Etats-Unis, l'Information Technology Management Reform Act de 1996, a amené à la nomination de " Chief Technology Officers " dans chaque administration qui sont des maîtres d'ouvrage d”légués nommés aux côtés de chaque directeur d'une grande agence gouvernementale. Au Japon, l'Etat a créé une association des " IT-coordinators " qui vérifie la qualification et délivre des diplômes à des maîtres d'ouvrage, élabore les méthodes etc.
Cette compétence doit se développer dans deux directions : un renforcement de la couche basse technologique, qui doit se traduire par une parfaite connaissance de l’offre et du marché et une compétence d’acheteur. Elle doit reposer sur l’intégration de compétences, ce qui pose la question de l’intégration dans l’administration de compétences clés en technologie, problème qui ne peut être résolus, bien au contraire, par « l’outsourcing ».
Ensuite, une compétence métier qui doit permettre aux fonctions S.I. d’être tournées vers les besoins de reconfiguration des activités clés de l’administration et de s’exprimer dans un langage compréhensible par les directions centrales qui, dans la plupart des cas, ne comprennent pas leur nécessaire implication dans la maîtrise d’ouvrage et les enjeux stratégiques liés aux S.I.
Dans ces domaines, l’apprentissage par essais et erreurs est incontournable avec son lot de projets ratés. Mais il n’en est que d’autant plus nécessaire de mutualiser les expériences, en interne d’abord, par le développement du retour d’expérience, pour éviter que les mêmes erreurs se répètent ministères par ministères, et en externe en intégrant les communautés de pratiques que constituent, entre autres, le CIGREF pour la fonction S.I. (qui regroupe 125 grandes entreprises françaises oubliques et privées) ou l’AFAI , ou encore le club des maîtres d’ouvrage des systèmes d’information .
Dès lors, les relations avec les fournisseurs peuvent être gérées sans complaisance ni condescendance comme des relations de complémentarité, voire de partenariat autour d’opérations conjointes assurant le transfert de technologie vers l’administration, par exemple, au travers de la création de GIP.


Première étape : Penser l'architecture

Les systèmes d'information doivent se penser prioritairement en termes de livrables (services rendus) aux utilisateurs. En second lieu, ils doivent se calquer sur les métiers de la firme, voire en piloter l'évolution. En troisième lieu, ils doivent assurer leur propre perennité pour que l'évolution des systèmes soir guidée par l'évolution des métiers, pas par les aléas propres aux technologies de l'information.

A partir de là, il faut penser les processus : "Un processus n'est pas autre chose qu'un scénario présentant un des comportements possibles d'un système. Un processus est construit sur la base des échanges qui ont lieu entre les objets connectés à travers les points de service. Par conséquent, la rénovation des processus signifie une modification des scénarios et des services afin d'atteindre le niveau de service requis (nous appellons cela un "service rendu"). "

Pour penser l'architecture , il faut se doter d'un méta-modèle : plus que la modélisation d'un processus ou d'une famille de processus particuliers, le meta-modèle est le cadre général de conception de l'architecture et donc des modèles de processus.

Pour que les architectures puissent intégrer les évolutions, il faut les construire à partir d'objets stables (qui sont en fait des services) que l'on pourra aisément remodeler en fonction de l'évolution des modèles : "Le principe de base de la technologie objet est la construction de logiciel à partir de composants, si possible standardisés et réutilisables. On appelle objets ces composants. Ils encapsulent les informations et les opérations qui définissent un comportement. Ils communiquent entre eux par l'intermédiaire de messages. Les objets informatiques correspondent souvent à des objets du monde réel. Des systèmes d'information complexes peuvent être construits par composition, classification ou associations d'objets, comme dans la nature, où des systèmes vivants complexes sont construits à partir de cellules." (la technologie objet)

Pour en savoir plus ...

La méthode AMARCO, une application de l'approche objet à la conception des systèmes d'information.

Sur le point clé des méthodes de conception, la référence est le Software engineering institute, de l'Université Carnegie Mellon ;


Dynamique de la relation entre direction générale et direction des systèmes d'information

McKinsey et le Cigref ont mené une étude auprès des directions générales et directions des systèmes d'information des grandes entreprises françaises. Elle remet en cause plusieurs idées reçues et veut sensibiliser les entreprises aux fondements et paradoxes de la relation DG-DSI. En éclairant sur l'adéquation des différents modèles de relation DG-DSI aux enjeux identifiés pour les systèmes d'information.

L'étude menée par le Cigref et McKinsey n'établit pas de règles mais dresse un ensemble de constats à partir des situations existantes au sein des grandes entreprises françaises. Ces situations sont examinées à travers un prisme d'observation particulier :

* Quelle est la réalité des relations entre les directions Générales et les Directions des Systèmes d'Information ?
* Existe-t-il un lien entre ces modèles de relation et la perception qu'ont les intéressés de la valeur des systèmes d'information ?

Cette étude remet en cause deux idées largement répandues en France, à savoir : d'un côté, le peu d'intérêt des directions générales pour les sujets liés aux systèmes d'information et à l'informatique en général, et de l'autre, le fonctionnement en tour d'ivoire des directions des systèmes d'information.

À travers la publication des résultats de cette étude sous la forme d'un livre blanc, nous souhaitons sensibiliser les entreprises aux fondements et aux paradoxes de cette dynamique de la relation entre les directions générales et les directions des systèmes d'information, en apportant des éléments de réponses à trois questions :

* Quels sont les principaux points de convergence et d'écart entre les perceptions et les attentes réciproques des Directions Générales et des Directions des Systèmes d'Information ?
* Quels sont les modèles de relation Direction Générale - Direction des Systèmes d'Information les plus adaptés à chaque situation, en fonction de la nature des enjeux liés aux systèmes d'information ?
* Quels sont les leviers d'action employés par les Directions Générales et les Directions des Systèmes d'Information pour faire évoluer leur mode de fonctionnement lorsque les enjeux liés aux systèmes d'information doivent changer ?

Deuxième étape : Conduire le projet

Ces projets sont des projets complexes, qui ne peuvent être conduits avec un mode de pensée linéaire et une gestion de projet traditionnelle

    'Profondément ancrée dans la pensée grecque de l'action raisonnée et délibérée, la réflexion stratégique occidentale, à la guerre comme dans les affaires, s'efforce d'amender - mais bute inexorablement sur - les catégories irréductibles de cet héritage : clivages théorie/pratique, but/moyens, plan/action, stratégie/tactique ; conception de formes idéales a priori (projet, plan, vision...) à imposer à l'environnement (maîtrise dela nature de Descartes, choix de la voie la plus courte de Clausewitz...)en réduisant les écarts, les fonctions entre " le modèle " et " la réalité ". (Décision et action stratégique en situation complexe)

Pour en savoir plus ...

La référence en matière de conduite de projets complexes : notre étude IMEC.

    Vous pouvez télécharger une présentation (en .pdf) de la méthode S+ (fichier .pdf 850K, réservé aux abonnés).

Les analystes ;

Troisème étape : Transformer l'organisation

Les organisations sont par définition la codification de l'expérience passée. Elles sont par nature en retard sur les changements induits par l'innovation. Compte tenu de la vitesse des mutations induites par le développement de l'économie de l'information, ce retard va devenir préoccupant.

    "L'accusé n'est plus ici la technique, mais les hommes et les modèles d'organisations auxquels ils refusent de renoncer. La résistance s'expliquerait par le fait que les technologies de l'information, bien qu'elles soient, par essence, qualifiantes, seraient destructrices tout à la fois des métiers et des hiérarchies, c'est à dire des situations acquises. Dès lors (...) il faudra passer par une longue période d'apprentissage et de changement organisationnel"

( François Caron "Les deux révolutions industrielles du XX° siècle")

La gouvernance du système d'information (IT governance) devient un art essentiel, qui permet de partir des objectifs stratégiques et des besoins des métiers pour penser l'architecture et évaluer la valeur des projets. Des normes de gouvernance ont été définies par le CoBit.


Comment inventer l'organisation du XXI° siècle?

TIC et évolution du travail

  • Les TIC modifient non seulement l'organisation du travail mais la nature même des métiers:
    • "On ne peut pas affirmer aujourd'hui que la diffusion des TIC conduira
      durablement à un niveau d'emploi plus élevé dans le futur que dans le
      passé. En effet, là où la théorie économique prévoit que le niveau
      d'emploi dépend positivement du rythme de progression de la productivité
      globale des facteurs, les études empiriques ne permettent pas de
      conclure que la diffusion des TIC sera, de ce point de vue, plus efficace
      que ne l'a été celle des inventions du passé. En revanche, il est
      acquis que cette diffusion déplace les emplois et les transforme à
      grande échelle. Les liens entre TIC et évolution des métiers traduisent
      la dépendance réciproque entre changement technique d'une part,
      changement économique et social d'autre part.
      "
    • Les métiers face aux technologies de l'information

Industrial Research Institute

QU'ATTENDRE DE LA RÉVOLUTION INFORMATIONNELLE?

Le meilleur comme le pire!

Internet a été à l'origine d'un techno-lyrisme irrationnel qui n'est d'ailleurs pas le premier puisqu'il est commun à toute révolution technologique où des gourous d'occasion ont toujours vu dans la technologie la solution définitive aux maux de l'humanité.

Il n'en est rien. Dans un excellent dossier, The Economist fait le point sur le mirage Internet et les vrais possibilités qu'il offre une fois dissipées les brumes de l'ivresse: "A survey of The internet society" . On y retrouve "la déclaration d'indépendance du cyber espace", qui devait être à l'abri des législations et des gouvernements. En réalité, Internet va poser des problèmes clés de confidentialité des données et offriur une arme d'intrusion dans la vie privée qui peut être terrible en des mains mal-intentionnées "No hiding place".

Internet ne favorise pas la démocratie, comme l'on clamé les gourous, mais conforte plutôt les dictatures, comme le montre cette étude "The Internet and State Control in Authoritarian Regimes: China, Cuba, and the Counterrevolution ", réalisée sous l'égide du think-tank Carnegie Endowment Information Revolution and World Politics

Commençons par le pire :

" L'informatique offre des possibilités décuplées de contrôle social. La tentation de l'utiliser comme garde-chiourme et comme mouchard est grande. Tous n'y résistent pas. Témoins les systèmes perfectionnés mis en place dans certaines entreprises pour contrôler la productivité, la présence, l'intensité du travail des opérateurs. Le rêve orwellien du " télécran " omniprésent : contrôler en temps réel, c'est-à-dire sans délai, et de manière exhaustive, la performance de chaque individu, de chaque équipe, de chaque machine, peut se réaliser. Mesure des temps d'opération par la machine elle même, traçabilité des produits pouvant permettre d'identifier le fauteur de non-qualité, séquences préétablies et minutées avec précision..." Philippe Lorino "Au risque de l'éclatement social"

Les politiques éducatives sont actuellement saisies du mirage technologique internet, qui fonde les thèses les plus fantaisistes sur le remplacement du maître par l'ordinateur. Cela repose sur une confusion entre savoir et information. Voir ma page sur ce sujet.

La constitution de réseaux de communication, loin d'unifier le monde, favorisent la tribalisation, la constitution de communautés, de tribus virtuelles ou non, qui constituent leur propre codes et leur propre langage. Cette utopie du "village plantéaire" est bien dénoncée par Philippe Breton dans "l'illusion communicationnelle "

    "Cette utopie est celle d'un homme "sans intérieur", réduit à sa seule image, dans une société rendue "transparente" par la grâce de la communication. Et si elle s'affirme aujourd'hui avec autant de force, c'est qu'elle a été théorisée en des termes étonnamment actuels dès la fin de la Seconde Guerre mondiale par un mathématicien américain, Norbert Wiener, dont l'oeuvre essentielle reste trop méconnue. Philippe Breton montre comment il a conçu l'utopie communicationnelle comme une arme absolue contre le retour de la barbarie : elle effacerait le secret, qui seul rendit possibles le génocide nazi, Hiroshima et le Goulag. L'analyse critique de ces travaux permet à l'auteur de démontrer comment, paradoxalement, la "société de consommation" peut ouvrir la voie à la violence et à l'exclusion."Notre auteur a le mérite de ramer à contre-courant, de regarder de l'autre côté du miroir aux alouettes de la communication pour dénoncer ses théories utopistes servant d'alternative possible aux idéologies ou à l'humanisme.".

Une révolution technologique, vraiment? Ce n'est pas l'avis du professeur Robert Gordon qui a lontemps été un sceptique sur ce sujet "Does the "New Economy" Measure up to the Great Inventions of the Past? "

    "The Internet fails the hurdle test as a Great Invention on several counts. First, the invention of the Internet has not boosted the growth in the demand for computers; all of that growth can be interpreted simply as the same unit-elastic response to the decline in computer prices as was prevalent prior to 1995. Second, the Internet provides information and entertainment more cheaply and conveniently than before, but much of its use involves substitution of existing activities from one medium to another. Third, much internet investment involves defense of market share by existing companies like Borders Books faced with the rise of Amazon; social returns are less than private returns. Fourth, much Internet activity duplicates existing activity like mail order catalogues, but the latter have not faded away; the usage of paper is rising, not falling. Finally, much Internet activity, like daytime e-trading, involves an increase in the fraction of work time involving consumption on the job."

De manière beaucoup plus pragmatique, l'accroissement de la quantité d'informations à traiter se traduit par une perte de contrôle sur les phénomènes: C'est le sens de cette analyse de Francis Heylighen

Le pire :



[@BRINT]

Ensuite le meilleur:

Au début était la tribu, puis vint le village et se formèrent les villes. Ce fut ensuite la Nation. L'espace de délibération des individus est aujourd'hui le monde entier. Il y a là matière à créer un cerveau global planétaire, mais il faut préalablement pouvoir répondre à plusieurs questions qui sont l'objet de programmes de recherche:

  • Construire une intelligence globale: Les technologies de l'information permettent une multitude de connections entre les sources de connaissance, tacite et explicite. Ces connections peuvent-elles être assimilées à des synapses qui dans le cerveau permettent l'intelligence et la construction de connaissance par association d'information? C'est l'objet du programme de recherche Learning, Brain-like Web.
  • Quels liens y-a-t-il entre technologie, croissance et chômage? La doctrine officielle (OCDE) est celle de la flexibilité généralisée: "As regards labour markets, the uncertainty about the future impact of globalisation and technology on various types of labourdemand points to the need for flexibility. To reap the full benefits of globalisation and technological change, it is important that labour is reallocated, and is capable of being reallocated, as swiftly as possible when there are shifts in demand. The alternative, where unemployment goes up and remains high as a result of demand shifts, is both socially troubling and economically wasteful." (Globalization and employment, OECD, 97). Plus fondamentalement, on peut consulter ma thèse sur le sujet.
  • Quelle est l'incidence de l'informatisation sur la qualification du travail? L'ordinateur n'est pas une machine intelligente: il permet d'automatiser les tâches répétitives, que l'on trouve dans tous les métiers, qualifiés ou non. En ce sens, il apporte un soutien à l'exercice de l'intelligence humaine en lui permettant de se consacrer à la résolution de problèmes plus complexes. Tous les métiers sont concernés, qu'ils soient qualifiés ou non, et l'équation "métier non qualifié = métier remplacé par l'informatique" n'a pas de sens. Ce rapport de recherche du MIT fait le point sur la question "The Skill Content of Recent Technological Change: An Empirical Exploration"

La transformation des organisations et des économies

  • Innover requiert le développement de nouvelles compétences. Comment les évaluer et les mesurer? "In order to explain, and more importantly, to achieve economic growth, more attention should be devoted to the less tangible forms of capital accumulation (e.g. R&D, training and various forms of organisation). The term "intangible investment" was coined to describe such activities in the mid-1980s by analogy with the tangible investments which they complement or even replace. At least to begin with, no special conceptual framework was set up but rather the stress was on adapting the established framework for capital analysis, notably in the framework of the revision of the System of National Accounts." (Measuring intangible investments)
  • Comment gérer le paradoxe de la productivité (paradoxe de Solow) ? "With the advent of new technologies, such as data mining, intranets, video conferencing, and web casting, several technology vendors are offering such solutions as panaceas for the business challenges of the knowledge era. Trade press coverage of the "productivity paradox" has further added to the speed of the information technology (IT) treadmill by suggesting that increasing investments in new information technologies should somehow result in improved business performance. " (Deciphering the knowledge management hype)
  • La reconfiguration de l'économie industrielle:
    1. L'entreprise virtuelle: Affranchie des contraintes physiques de communication, l'entreprise peut se configurer indépendamment de la distance. Cette configuration peut évoluer en fonction de l'évolution des enjeux stratégiques, et donc produire une organisation agile qui peut regrouper plusieurs entreprises. "Les entreprises doivent à la fois s'organiser et fonctionner différemment, en apprenant à mieux tirer avantage des technologies de l'information et des télécommunications (TIC). Les TIC à la fois transforment l'environnement des entreprises et leurs offrent de nouvelles possibilités. Dans ces conditions, il sera toujours plus nécessaire pour les entreprises de se concentrer sur leurs métiers (core competencies) et de former des alliances afin de pouvoir satisfaire les clients le mieux possible. Ces alliances doivent permettre de former des équipes provenant des différentes organisations pour travailler ensemble sur un projet précis, de manière à accélérer la production des résultats désirés, ceci tout en augmentant la qualité et en diminuant les coûts de façon substantielle. Les PME/PMI n'auront souvent plus d'autres choix que de se regrouper en "entreprises virtuelles", aussi bien pour accéder aux marchés internationaux que pour faire face à la concurrence internationale sur leurs marchés locaux." (L'entreprise virtuelle: une chance pour les PME: étude de cas)
    2. Un projet de recherche animé par l'Université de Berkeley. Un des plus complets sur la question: Working papers, colloques, recherches et études sectorielles sur l'impact des nouvelles technologies sur la "vieille économie".
    3. Berkeley Roundtable on the International Economy (BRIE), le centre de recherche de l'Université de Berkeley, avec des chercheurs comme John Zysman qui est un spécialiste di modèle finlandais.
  • Quelles institutions pour la sociétés de l'information?

Networking Knowledge for Information Societies: Institutions & Intervention Un ouvrage téléchargeable qui dresse l'état de l'art sur la question.

This comprehensive volume includes state-of-the-art analyses of the problems of and prospects for information societies. It is about the structures and processes of inquiry and institutional change and their relationship to rapid innovations in information and communication technologies. The work of William H. Melody features centrally in this volume which is compiled in his honour. It contains over 50 contributions by outstanding scholars whose choices of topics cover issues that are of substantial significance today. 

The volume is divided into five main sections each addressing a central question:

• What is the role of institutions of higher education in the 'Information Age' and how does scholarly research become involved in 'networking knowledge'?
• What are the institutional strategies and practices of policy and regulatory reform in the communication industry?
• How and why are people accommodating or resisting the new technologies and the emerging information societies? 
• What are the biases in the processes of networking knowledge and what insights can be drawn from the social sciences, and particularly from Institutional Economics? 
• What are the structures and processes for sharing the content of the media and information services industries and for exchanging knowledge in today's global networks? 

This volume addresses an interdisciplinary and international audience. It synthesizes debates about the information society or knowledge economy that are high on the policy agenda in Europe, North and South America, and many other parts of the industrialized and developing world.

It will be useful to researchers and teachers in communication studies, economics, innovation studies, political science and related disciplines, and to those involved in the management of technological change. Outside the academy, it will appeal to those active in policy and regulatory reform and to those responsible for the development and implementation of social and economic development programs incorporating the production or use of information and communication technologies.

Le meilleur :
  1. The world wide web as a super brain: from mataphor to model, Article de Francis Heylighen
  2. Bibliographie (en anglais) sur le "global brain"
  3. Les oeuvres de Pierre Teilhard de Chardin constituent une vision prophétique de cette possibilité, bien avant l'apparition de la technologie.



  • Sur le changement organisationnel:
  1. Role of Information Technology in Managing Organizational Change and Organizational Interdependence
  2. Virtual corporation, human issues & information technology
  3. E-commerce: implications for firms strategy
  4. Deux scénarions présentés par le CCS du M.I.T (Two Scenarios for 21st Century Organizations) qui publie également de nombreux Working Papers.
De l'information à la connaissance
  • Comment créer la connaissance et la bien gérer? Une définition du "knowledge management" "Knowledge Management caters to the critical issues of organizational adaption, survival and competence in face of increasingly discontinuous environmental change. Essentially, it embodies organizational processes that seek synergistic combination of data and information processing capacity of information technologies, and the creative and innovative capacity of human beings"
  • Education et économie du savoir: Quelles sont les conséquences de la révolution technologique induite par les NTIC? Cet article analyse les enjeux et démontre, contre les thèses dominantes, que l'éducation de base centrée sur la culture générale est plus fondamentale que jamais (Claude Rochet).

Et la politique?

  • Internet ne sera pas neutre sur la vie politique et l'exercice de la citoyenneté. Comment? on ne sait encore le dire. Mais comme dans toute révolution technologique, la technologie interroge la société sur ses finalités et sa conception du bien commun.

 

A suivre....

 

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Date de dernière mise à jour : 30/08/03