L'EURO, parlons-en!
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Mis à jour le 17/11/03 |
Décembre 2001 Paru dans Les Echos Leuro est-il irréversible ?Par Gérard Lafay Professeur à lUniversité de Paris 2 La substitution de leuro au franc, en janvier 2002, ne signifie pas seulement le remplacement des billets et des pièces, mais elle marque surtout le changement de lunité de compte que nos concitoyens avaient lhabitude dutiliser. Cette transformation de grande ampleur avait été prévue par le traité de Maastricht, ratifié à une très faible majorité par le peuple français. Ayant un coût un coût financier important, elle constitue un véritable traumatisme pour la plupart des Français. Lavènement complet de leuro na été rendu possible que parce que sa dévaluation de facto (25 % depuis le début de 1999, 32 % si lon se réfère à lécu depuis 1995) a permis un redémarrage de la croissance et donc une baisse du chômage sur les années 1998 à 2000. Peut-on considérer, aujourdhui, que leuro est devenu irréversible ? Juridiquement, le peuple français demeure maître de son destin. La différence fondamentale entre une Union de nations et une fédération, cest le fait que, dans le premier cas, chaque État-nation est libre de ses choix, tandis que, dans le second, il est ligoté irréversiblement par les décisions supranationales. On voit ici que le concept de « fédération dÉtats-nations », lancé par certains responsables politiques, est totalement incohérent. Jusquà preuve du contraire, au sein de lUnion européenne, la France demeure une nation indépendante et na pas été transformée en un quelconque « land » dune fédération supranationale. Sil faut respecter les traités signés antérieurement, rien ninterdit par conséquent à la République française de signer de nouveaux traités, et au peuple de les ratifier, si les intérêts supérieurs de la nation sont en jeu. Il est donc faux de prétendre que le passage à leuro est irréversible. Tout dépend de la façon dont la monnaie unique va être gérée. Le critère essentiel est ici celui de la croissance et donc de lemploi Les bons résultats économiques obtenus jusque lan 2000 ont découlé de deux facteurs temporaires : dune part, la remontée du dollar, imputable à la situation des États-Unis et à la politique monétaire de la Réserve fédérale, dautre part, la baisse initiale des taux dintérêt de la Banque Centrale Européenne en avril 99. La BCE sest-elle alors convertie à une politique monétaire expansive ? Malheureusement non. Certes, elle prend apparemment en considération la croissance de léconomie, mais elle le fait en se référant à une conception erronée de la croissance potentielle. Cest la raison pour laquelle, dès novembre 99, la BCE sest lancée dans une série de sept hausses de taux dintérêt, afin déviter que le chômage ne descende en dessous dun plancher baptisé NAIRU (dans le cas de la France, ce plancher est estimé par la Commission de Bruxelles à 11%). Selon les théories des années 70 et 80, sur lesquelles se fonde la BCE, un tel taux plancher de chômage est exigé impérativement par la lutte contre le fantôme de linflation. Le résultat ne sest pas fait attendre. Au lieu de mettre la zone euro à labri de la conjoncture mondiale, ce qui était la seule justification sérieuse de la monnaie unique, la BCE la mise à la remorque de la récession américaine. Et alors quaux États-Unis, la Réserve fédérale avait inversé sa politique dès les premiers signes de ralentissement, puis accentué les baisses de taux dintérêt après le 11 septembre, la Banque Centrale Européenne a tardé à suivre le même chemin. Depuis deux ans, on observe ainsi dans la zone euro la poursuite des errements monétaires. Pour le futur, on peut même craindre le retour de la politique pratiquée à lépoque du mark fort et du franc fort, qui avait totalement asphyxié nos économies. Le retard pris par lEurope pendant la plus grande partie des années 90 nest pas dû à la protection sociale (pudiquement qualifiée de « rigidité du marché du travail »), il est imputable au sous-investissement découlant de la surévaluation monétaire. Cest ainsi que la France avait accumulé, de 91 à 97, un retard dinvestissement productif de 28 % par rapport à la moyenne des pays de lOCDE. Leuro ne sera viable que sil est géré correctement. Dans lintérêt même de la monnaie unique, il faut donc revenir sur certaines dispositions du traité de Maastricht : confier à la BCE une mission équilibrée, en prenant correctement en compte lobjectif de croissance et demploi, et la mettre sous lautorité du pouvoir politique cest-à-dire du Conseil. Le dogme de lindépendance de la Banque centrale, développé par les théoriciens des années 70 et 80, est devenu totalement obsolète dans le contexte de la mondialisation. Après lélection présidentielle, le nouveau Président de la République ne pourra changer la donne que si la France pèse de tout son poids, auprès de ses partenaires, pour obtenir une révision des articles 105, 108 et 111 des traités consolidés. Pour mettre un terme aux divagations monétaires, il convient ainsi dinstaurer la primauté du pouvoir politique, en mettant sous tutelle la BCE et en rééquilibrant sa mission. Parallèlement, le Conseil devra définir les orientations de la politique monétaire et de change afin de favoriser la croissance. Pour que cette stratégie soit crédible, il convient de fixer clairement léchéance pour la mise en uvre de ces changements. Si la situation économique continue à se dégrader, cette échéance pourrait être le 1er janvier 2003. Labsence de convergence des États-nations sur de telles inflexions manifesterait le fait que la zone euro ne réunit pas les conditions dune zone monétaire optimale. Dans ce cas, il ne serait sans doute pas possible de revenir au franc actuel, car les Français auraient commencé à shabituer à compter en euros. Un nouveau changement dunité de compte leur infligerait par conséquent un second traumatisme. En revanche, il faudrait interroger le peuple français, par référendum, sur léventualité de mise en place dune solution alternative, qui pourrait sappliquer par exemple le 1er janvier 2004. Une telle solution consisterait tout simplement à créer un « franc nouveau », dont la valeur initiale serait égale à un euro. Ce passage serait beaucoup plus aisé que celui réalisé en janvier 2002, puisque lexpérience du changement de monnaie aura déjà été faite et puisque lon garderait au départ la même unité de compte. Ceci ne remettrait évidemment pas en cause nos autres engagements européens, la France revenant dans la position des trois pays de lUnion qui nont pas adopté leuro. Le seul coût serait de frapper de nouvelles pièces et dimprimer de nouveaux billets. |
Liens recommandés:
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Quelques éléments de réflexion fondamentale
La voix de son maître:
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D'abord, voyons les éléments techniques:
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L'EURO dans la crise mondiale: l'analyse du FMI
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Ensuite, examinons les éléments du débat:
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Pour en savoir plus...
Henri Guaino: "L'étrange renoncement" |
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EURO= récession: un article de Paul Krugmann: "Pretty clearly, Europe is not about to tear itself apart because it cannot agree about monetary policy. In fact, everyone but the central bankers now *does* agree about monetary policy. The clear and present danger is, instead, that Europe will turn Japanese: that it will slip inexorably into deflation, that by the time the central bankers finally decide to loosen up it will be too late. " |
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Troisième question : l'euro va-t-il accroître la compétitivité
des économies européennes
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Pour en savoir plus,:
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Quatrième question : la compétitivité et le libre échange sont-ils
bien le bon problème à traiter?
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Pour en savoir plus...
Rapports de l'INED
The Atlantic Monthly : French economy, a study in paradoxes La loi sur les 35 heures, une logique malthusienne qui ne créra pas d'emplois, lire le rapport du Sénat, |
Cinquième question : et si on oubliait l'essentiel, la démographie
L'europe connaît une mutation fondamentale de sa démographie : le solde d'accroissement naturel est devenu inférieur au solde migratoire. Or, beaucoup plus que des taux de change, la démographie nous donne les tendances lourdes de l'économie. Le malthusianisme triomphe :"La fécondité est désormais bien inférieure à deux enfants par femme dans tous les pays de l'Union. On peut même trouver des indices inférieurs à 1 dans certaines régions : 0,8 enfant par femme en Allemagne orientale, par exemple.Tous les pays d'Europe du Sud figurent en fin de classement, avec l'Allemagne et l'Autriche, alors que les pays scandinaves sont désormais en tête, avec l'Irlande. L'image d'un Nord malthusien et d'un Sud prolifique, qui correspondait à la situation de l'entre-deux-guerres, a vécu" (INED) La mama italienne ne fait plus d'enfant, c'est la française la plus féconde, mais bien en dessous du seuil de remplacement des générations (2,1). Le problème de l'intégration des immigrés se pose donc - alors qu'il ne s'est jamais posé en période de forte croissance. Les solutions proposées par Jacques Attali - importer en masse des immigrés pour rétablir l'équilibre des régimes sociaux - sont tout simplement irresponsables car passant sous silence la dynamique de l'intégration. |
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Sixième question : L'EURO nous met-il à l'abri de la crise?
Même ses partisans (éclairés) le reconnaissent: l'EURO ne nous mettra pas à l'abri de la crise:(L'expansion): |
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