L'EURO, parlons-en!

Crée le 20/07/99

Mis à jour le 17/11/03

Décembre 2001

Paru dans Les Echos

L’euro est-il irréversible ?

  Par Gérard Lafay

                                                                                              Professeur à l’Université de Paris 2

            La substitution de l’euro au franc, en janvier 2002, ne signifie pas seulement le remplacement des billets et des pièces, mais elle marque surtout le changement de l’unité de compte que nos concitoyens avaient l’habitude d’utiliser. Cette transformation de grande ampleur avait été prévue par le traité de Maastricht, ratifié à une très faible majorité par le peuple français. Ayant un coût un coût financier important, elle constitue un véritable traumatisme pour la plupart des Français. L’avènement complet de l’euro n’a été rendu possible que parce que sa dévaluation de facto (25 % depuis le début de 1999, 32 % si l’on se réfère à l’écu depuis 1995) a permis un redémarrage de la croissance et donc une baisse du chômage sur les années 1998 à 2000. Peut-on considérer, aujourd’hui, que l’euro est devenu irréversible ?

            Juridiquement, le peuple français demeure maître de son destin. La différence fondamentale entre une Union de nations et une fédération, c’est le fait que, dans le premier cas, chaque État-nation est libre de ses choix, tandis que, dans le second, il est ligoté irréversiblement par les décisions supranationales. On voit ici que le concept de « fédération d’États-nations », lancé par certains responsables politiques, est totalement incohérent.

Jusqu’à preuve du contraire, au sein de l’Union européenne, la France demeure une nation indépendante et n’a pas été transformée en un quelconque « land » d’une fédération supranationale. S’il faut respecter les traités signés antérieurement, rien n’interdit par conséquent à la République française de signer de nouveaux traités, et au peuple de les ratifier, si les intérêts supérieurs de la nation sont en jeu. Il est donc faux de prétendre que le passage à l’euro est irréversible. Tout dépend de la façon dont la monnaie unique va être gérée. Le critère essentiel est ici celui de la croissance et donc de l’emploi

            Les bons résultats économiques obtenus jusque l’an 2000 ont découlé de deux facteurs temporaires : d’une part, la remontée du dollar, imputable à la situation des États-Unis et à la politique monétaire de la Réserve fédérale, d’autre part, la baisse initiale des taux d’intérêt de la Banque Centrale Européenne en avril 99. La BCE s’est-elle alors convertie à une politique monétaire expansive ? Malheureusement non. Certes, elle prend apparemment en considération la croissance de l’économie, mais elle le fait en se référant à une conception erronée de la croissance potentielle.

C’est la raison pour laquelle, dès novembre 99, la BCE s’est lancée dans une série de sept hausses de taux d’intérêt, afin d’éviter que le chômage ne descende en dessous d’un plancher baptisé NAIRU (dans le cas de la France, ce plancher est estimé par la Commission de Bruxelles à 11%). Selon les théories des années 70 et 80, sur lesquelles se fonde la BCE, un tel taux plancher de chômage est exigé impérativement par la lutte contre le fantôme de l’inflation.

Le résultat ne s’est pas fait attendre. Au lieu de mettre la zone euro à l’abri de la conjoncture mondiale, ce qui était la seule justification sérieuse de la monnaie unique, la BCE l’a mise à la remorque de la récession américaine. Et alors qu’aux États-Unis, la Réserve fédérale avait inversé sa politique dès les premiers signes de ralentissement, puis accentué les baisses de taux d’intérêt après le 11 septembre, la Banque Centrale Européenne a tardé à suivre le même chemin.               

            Depuis deux ans, on observe ainsi dans la zone euro la poursuite des errements monétaires. Pour le futur, on peut même craindre le retour de la politique pratiquée à l’époque du mark fort et du franc fort, qui avait totalement asphyxié nos économies. Le retard pris par l’Europe pendant la plus grande partie des années 90 n’est pas dû à la protection sociale (pudiquement qualifiée de « rigidité du marché du travail »), il est imputable au sous-investissement découlant de la surévaluation monétaire. C’est ainsi que la France avait accumulé, de 91 à 97, un retard d’investissement productif de 28 % par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE.

            L’euro ne sera viable que s’il est géré correctement. Dans l’intérêt même de la monnaie unique, il faut donc revenir sur certaines dispositions du traité de Maastricht : confier à la BCE une mission équilibrée, en prenant correctement en compte l’objectif de croissance et d’emploi, et la mettre sous l’autorité du pouvoir politique c’est-à-dire du Conseil. Le dogme de l’indépendance de la Banque centrale, développé par les théoriciens des années 70 et 80, est devenu totalement obsolète dans le contexte de la mondialisation.

Après l’élection présidentielle, le nouveau Président de la République ne pourra changer la donne que si la France pèse de tout son poids, auprès de ses partenaires, pour obtenir une révision des articles 105, 108 et 111 des traités consolidés. Pour mettre un terme aux divagations monétaires, il convient ainsi d’instaurer la primauté du pouvoir politique, en mettant sous tutelle la BCE et en rééquilibrant sa mission. Parallèlement, le Conseil devra définir les orientations de la politique monétaire et de change afin de favoriser la croissance. Pour que cette stratégie soit crédible, il convient de fixer clairement l’échéance pour la mise en œuvre de ces changements. Si la situation économique continue à se dégrader, cette échéance pourrait être le 1er janvier 2003.

L’absence de convergence des États-nations sur de telles inflexions manifesterait le fait que la zone euro ne réunit pas les conditions d’une zone monétaire optimale. Dans ce cas, il ne serait sans doute pas possible de revenir au franc actuel, car les Français auraient commencé à s’habituer à compter en euros. Un nouveau changement d’unité de compte leur infligerait par conséquent un second traumatisme. En revanche, il faudrait interroger le peuple français, par référendum, sur l’éventualité de mise en place d’une solution alternative, qui pourrait s’appliquer par exemple le 1er janvier 2004.

Une telle solution consisterait tout simplement à créer un « franc nouveau », dont la valeur initiale serait égale à un euro. Ce passage serait beaucoup plus aisé que celui réalisé en janvier 2002, puisque l’expérience du changement de monnaie aura déjà été faite et puisque l’on garderait au départ la même unité de compte. Ceci ne remettrait évidemment pas en cause nos autres engagements européens, la France revenant dans la position des trois pays de l’Union qui n’ont pas adopté l’euro. Le seul coût serait de frapper de nouvelles pièces et d’imprimer de nouveaux billets.

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Autres articles d' économistes (Alain Cotta, Jean-Jacques Rosa, Gérard Lafay):

Quelques éléments de réflexion fondamentale

La voix de son maître: D'abord, voyons les éléments techniques:
  • "La monnaie unique, qu'est-ce que ça mange en hiver?"
  • Le point de vue de eurocrat.com:
    1. Le site du Ministère des finances. Pour comprendre quelque chose aux critères de convergence, au Traité de Maastricht, et toutes questions connexes, le site de la Banque de France est particulièrement bien fait.
    2. Le traité d'Amsterdam , rapport d'information du Sénat.
    3. Les analyses sur l'Euro, faites par les eurocrates.
    4. Le dossier des Échos offre un panorama complet.
    5. IBM offre un vaste choix d'études sur le passage à l'Euro
    6. Le site d'Admiroute
L'EURO dans la crise mondiale: l'analyse du FMI 

Ensuite, examinons les éléments du débat:

Pour en savoir plus...

L'illusion économique:

Henri Guaino: "L'étrange renoncement"

 
  • Deuxième question : l'euro est-il une voie pertinente pour construire l'Europe?
    1. "Passage en force pour la monnaie unique" article du Monde diplomatique
    2. Emmanuel Todd souligne que l'Euro est le come-back de Hegel, qui, par ler biais de nos élites (que Todd qualifie de "nullité crasse") vient tenter un nouveau coup de force contre la démocratie Ce qui est rationnel n'est-il pas appelé à devenir réel? Que l'on nous préserve de Hegel et des hégelianistes!
    3. Lire l'article de Bernard Cassen "Dans l'étau de l'Euro"., ainsi que "La Nation contre le nationalisme" : pas d'autres voies pour construire l'Europe que de préserver les identités collectives que sont les nations.
    4. Quelle Europe? L'Europe n'existe pas. Du moins en tant que nation. Il n'y a pas de peuple européen uni. Parmi eux, seule la France a une tradition unitaire, laïque et nationale. Tous les autres pays sont de culture religieuse - au sens de la confusion entre la religion et l'Etat, ce à quoi la religion, dans sa dimension spirituelle, n'a rien à gagner et n'a jamais rien gagné - comme le montre excellement René REMOND dans "Religion et société en Europe". La laïcité est aujourd'hui abandonnée au nom du relativisme imposé par les gnômes européistes de Bruxelles.
    5. Il n'y a pas de culture européenne! Il y a DES cultures. N'en déplaise aux pédagos du Centre National de Documentation Pédagogique qui écrivent d'une plume docte "La dimension culturelle européenne a été introduite par le Traité de Maastricht". Un Traite suffit pour créer une culture!! Pauvre éducation "nationale"!
    6. L'euro repose sur la négation du bien commun: il joue sur un seul déterminant, la stabilité monétaire. D'où le fait que la Banque Centrale européenne se voit attribuer un statut constitutionnel de même niveau que le pouvoir législatif ou judiciaire." La stabilité des prix est quasiment élevée au rang de principe constitutionnel, et une cloison et une cloison étanche est posée entre la politique monétaire et les autres aspects de la politique économique" (Bernard Perret "Les nouvelles frontières de l'argent"). La stabilité des prix est au coeur du dispositif "L'objectif principal du SEBCE (système européen de banques centrales) est de maintenir la stabilité des prix" (article 105 du Traité de Maastricht). Aussi, ainsi que le résume l'économiste allemand Fritz Schaft (Le Monde du 7 mai 1998) "un tel processus est susceptible de rendre l'Europe un peu plus conforme à l'idéal néo-libéral, où les choix politiques sont structement subordonnés aux exigences de la concurrence économique."

EURO= récession: un article de Paul Krugmann: "Pretty clearly, Europe is not about to tear itself apart because it cannot agree about monetary policy. In fact, everyone but the central bankers now *does* agree about monetary policy. The clear and present danger is, instead, that Europe will turn Japanese: that it will slip inexorably into deflation, that by the time the central bankers finally decide to loosen up it will be too late. "

Troisième question : l'euro va-t-il accroître la compétitivité des économies européennes
  1. Très clair : l'ouvrage en ligne de Norman Palma "Réflexions sur l'union monétaire européenne". Également pour engager le débat sur le rôle du libre échange, voir " La concurrence pure comme principe moteur du grand marché européen ". Norman Palma fait une critique technique et rigoureuse du principe de désinflation compétitive qui est à la base du dogme de la monnaie unique.
  2. L'Euro va-t-il apporter quelque chose à notre économie face au dollar dont il est censé menacer l'hégémonie? En aucun cas souligne Paul Krugman (prof. au MIT) "Who is affraid of euro?".
  3. Le même auteur publie un article croquignolet sur sa rencontre à Paris avec un brillant théoricien du socialisme à la française qui vous explique comment il a la solution pour rendre la terre plus ronde : Unmitigated gauls
  4. Et l'emploi? Il ne fait pas bon ménage avec l'Euro et les politiques déflationnistes qu'imposent les critères de convergence. La cohésion sociale est menacée "La cohésion sociale est sacrifiée à la monnaie".
  5. Un carcan ingérable: C'est l'opinion -qui va être de plus en plus partagée - de Jean-Jacques Rosa: "La réalité c'est que le système de Maastricht, la constitution monétaire de l'euro et le pacte de stabilité, s'avèrent, dès les premières semaines constituer carcan ingérable et obliger à de mauvaises politiques macroéconomiques. Les responsables nationaux le constatent évidemment et cherchent à tâtons une voie de sortie. Elle est particulièrement difficile à trouver. Et là encore les avertissements des critiques de l'euro sont confirmés dès les premières semaines : quelle politique monétaire unique adopter quand l'Irlande est en forte expansion, quand l'Allemagne entre effectivement en récession au dernier trimestre de 1998 (baisse du niveau absolu du produit national), tandis que l'Italie voit sa croissance amputée et que la France entre franchement en déflation ? C'est la quadrature du cercle. La tâche de M. Duisenberg est impossible."
Pour en savoir plus,:

Nicolas Baverez " Les trente piteuses" - très poussé-
auquel il faut ajouter la dénonciation radicale de l'imposture européenne de Jean-Claude Barreau "Le coup d'état invisible"

Quatrième question : la compétitivité et le libre échange sont-ils bien le bon problème à traiter?
  1. Contre l'euro, le franc fort, le libre échange et les politiques déflationnistes, il faut lire le livre capital d'Emmanuel Todd, "L'illusion économique, essai sur la stagnation des sociétés développées".
  2. Le débat sur l'euro ne peut se traiter en dehors de celui sur la mondialisation, le libre-échange et ses conséquences déflationnistes. Lire le texte de l'intervention de Jean-Paul Fitoussi devant le Sénat.
  3. Le culte du libre échange ne repose sur aucune base rigoureuse, même si le libre échange ne doit pas être rejeté d'une manière aussi dogmatique que ses laudateurs en font l'apologie. De même il n'y a pas de tyrannie de la compétitivité internationale : on ne peut assimiler la compétitivité d'une économie à celle d'une entreprise. C'est le point de vue de Paul Krugman qui part en guerre contre la pensée unique, en analysant la dynamique de l'économie à partir de la dynamique des systèmes vivants. Contrairement aux dires des maîtres de l'économie américaine qui distillent leur idéologie malthusienne, l'économie n'est pas un jeu à somme nulle, et les discouirs guerriers sur les "impératifs" au nom desquels on impose tant de sacrifices aux peuples n'a aucun fondement scientifique ou même factuel!
Pour en savoir plus...

Rapports de l'INED

The Atlantic Monthly : French economy, a study in paradoxes

La loi sur les 35 heures, une logique malthusienne qui ne créra pas d'emplois, lire le rapport du Sénat,

Cinquième question : et si on oubliait l'essentiel, la démographie

    L'europe connaît une mutation fondamentale de sa démographie : le solde d'accroissement naturel est devenu inférieur au solde migratoire. Or, beaucoup plus que des taux de change, la démographie nous donne les tendances lourdes de l'économie. Le malthusianisme triomphe :"La fécondité est désormais bien inférieure à deux enfants par femme dans tous les pays de l'Union. On peut même trouver des indices inférieurs à 1 dans certaines régions : 0,8 enfant par femme en Allemagne orientale, par exemple.Tous les pays d'Europe du Sud figurent en fin de classement, avec l'Allemagne et l'Autriche, alors que les pays scandinaves sont désormais en tête, avec l'Irlande. L'image d'un Nord malthusien et d'un Sud prolifique, qui correspondait à la situation de l'entre-deux-guerres, a vécu" (INED) La mama italienne ne fait plus d'enfant, c'est la française la plus féconde, mais bien en dessous du seuil de remplacement des générations (2,1). Le problème de l'intégration des immigrés se pose donc - alors qu'il ne s'est jamais posé en période de forte croissance. Les solutions proposées par Jacques Attali - importer en masse des immigrés pour rétablir l'équilibre des régimes sociaux - sont tout simplement irresponsables car passant sous silence la dynamique de l'intégration.

Pour en savoir plus...
  • Le culte des monnaies fortes nous mène droit à une nouvelle récession du type des années 30 souligne Paul Krugman : Many economists hate to admit it, but today's economic turmoil shares some uncanny -- or downright scary -- similarities with the prelude to the Great Depression. Many policymakers seem to have unlearned the basic lesson of that calamity: boost demand in the face of an economic slowdown and reduce the volatility of capital flows. Rigid adherence to anti-inflationary policies will only deepen the crises in emerging markets. As the IMF continues to insist on fiscal austerity and many governments instinctively resist capital controls, a wider recession looms. With a distinct whiff of the 1930s in the air, we had better refresh our memories and relearn the basics of Depression economics. (Foreign affairs)
  • Pour connaître la valeur instantanée de l'euro cliquez sur l'image!

Sixième question : L'EURO nous met-il à l'abri de la crise?

    Même ses partisans (éclairés) le reconnaissent: l'EURO ne nous mettra pas à l'abri de la crise:(L'expansion):

    • "Le climat dans l'industrie européenne contraste ainsi fortement avec l'amélioration du moral des ménages, qui sont maintenant plus confiants que les Américains ! Aussi consomment-ils, ce qui soutient l'expansion. Mais tous les autres moteurs ont stoppé (exportations, stocks) ou ralentissent (investissements, sauf dans la construction). Notre prévision de croissance pour l'Europe en 1999 est donc modeste : 1,5 %"
    • l'Euro, malgré les fanfares qui ont accompagné son lancement en janvier, s'avère près de six mois plus tard incapable de gagner ses deux paris : harmoniser la croissance de l'Euroland" et tenir tête au dollar comme monnaie de réserve mondiale.
      • - Du 9,5% de croissance en Irlande, escomptée pour 99, au rachitique 1% attendu en Italie (dont le PIB serait même en recul de 0,3% au premier trimestre 99), l'Euroland étale ses disparités, rendant de plus en plus aléatoire la possibilité d'appliquer à ses membres une politique monétaire unique. C'est au point que l'Italie vient d'être autorisée par la présidence allemande, en contradiction avec le pacte de stabilité, à laisser filer son déficit : début d'une longue suite de marchandages, d'exceptions ou d'exemptions qui détruisent déjà le fragile échafaudage.

        - Lancé en janvier avec une parité de 1,18 dollar, l'Euro n'a depuis lors pas cessé de chuter, l'objectif est désormais la "parité" de 1 pour 1 avec le dollar!!

  • On a tout sacrifié à la mise en place de l'euro monnaie forte, qui devait relaner l'économie européenne:

    "La faiblesse de l'euro est d'abord le reflet d'une économie européenne elle-même faiblarde. « Ce n'est pas l'euro qui va mal mais l'économie européenne, résume le président de la Commission européenne, Romano Prodi. Il manque au moins un point et demi de croissance, alors que l'Amérique galope. » A choisir, mieux vaudrait un euro fort avec une croissance de près de 4 % et un taux de chômage de 4,2 %, comme aux Etats-Unis, plutôt qu'un euro faible avec une croissance proche des 2 % et un taux de chômage de 10,4 %, comme dans l'Euroland. Un euro bas, soulignent les experts, ne devrait pas être perçu comme une fin en soi mais comme une étape obligée en attendant que l'économie européenne ne redémarre." (Le Monde)

     

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